Murs de crépi blanc lacérés par les balles tirées depuis les hélicoptères de l’armée : le bâtiment Jeonil – tenue plusieurs jours par des insurgés de « l’armée citoyenne » – dans le centre de Gwangju porte encore la trace du massacre. Le 18 mai 1980, cette ville de la province du Cholla, dans le sud-ouest de la Corée du Sud, s’est soulevée contre la déclaration de loi martiale du dictateur Chun Doo-hwan (1931-2021).
Réprimé dans le sang, ce mouvement, qui fit officiellement 200 morts, est reste gravé dans les mémoires. Preuve du traumatisme encore présent, la mobilisation immédiate le 3 décembre, lorsque Yoon Suk Yeol, président d’une Corée du Sud devenue démocratique, a tenté d’imposer une loi martiale. « La première chose que j’ai pensée, c’est que j’allais retourner en prison à cause de ce que j’avais fait dans les années 1980. J’ai dit à mes amis de fermer leurs portes car les soldats allaient venir », se souvient Park Gang-bae, témoin de la répression de 1980 devenu directeur exécutif de la Fondation du 18 mai.
Immédiatement, les réflexes ont resurgi : « Le maire, Lee Yong-seop, a réuni tous les responsables d’associations. Nous avons décidé de tout faire pour protéger la démocratie et empêcher la troupe d’entrer dans Gwangju. » Et le quinquagénaire au physique massif et au parler tranchant de fustiger le président Yoon et sa « folie » : « Il a montré qu’il n’avait pas saisi la force du sentiment démocratique. »
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