le soulagement et la frustration des chercheurs

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La mobilisation des scientifiques, et notamment des présidents d’université et d’organismes de recherche, a participé à éloigner le spectre de coupes massives dans le budget de l’enseignement supérieur et la recherche (ESR). Dans le projet de loi de finance 2025 présenté jeudi 10 octobre, les crédits de la loi de programmation de la recherche, adoptée en 2020, censée ralentir le déclassement de l’enseignement supérieur et de la recherche français, sont globalement respectés, même si le tour de vis acté par le gouvernement de Gabriel Attal (qui prévoyait, par un décret du 22 février, 904 millions d’euros d’économies) est pérennisé.

Dans son dossier de presse, le ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche met en avant le respect du protocole d’amélioration du régime indemnitaire des personnels. Pour les enseignants et chercheurs, il s’agit de combler partiellement l’effet de ciseau entre le gel du point d’indice (comme tous les fonctionnaires) et l’enchaînement de contrats précaires en début de carrière : l’âge moyen de recrutement des maîtres de conférences et chargés de recherche n’a cessé de croître pour atteindre 35 ans.

En fait, le gouvernement ne pouvait guère faire autrement. Car le contraste aurait été trop criant avec deux totems macronistes, la forte hausse des rémunérations de la haute fonction publique et le crédit d’impôt recherche, qui ont évité tout coup de rabot.

Une attractivité renforcée de la haute fonction publique

Sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, une vaste réforme a en effet renforcé l’attractivité de la haute fonction publique et le fonctionnement de l’Etat, avec les moyens associés. Les hauts fonctionnaires administratifs, issus notamment de l’Institut national du service public (INSP, ex-ENA), forment justement, avec les universitaires et assimilés, la catégorie des fonctionnaires la plus élevée, dite A+. La moyenne d’âge des entrants à l’INSP externe reste proche de 24 ans, et les grands corps de l’Etat recrutent toujours à la sortie de l’Ecole polytechnique ou des Ecoles normales supérieures à environ 23 ans.

Parallèlement, de nombreux corps dont l’attractivité avait été maintenue à flot depuis le début du siècle par des mesures catégorielles (rallongement de grille, primes) ont été fusionnés dans un corps unique : les administrateurs de l’Etat. Ces derniers bénéficient d’un profil de rémunération rénové plus avantageux.

La simulation par la Cour des comptes d’une carrière type montre une hausse du salaire de base de 10 % à 15 % à l’âge de 35 ans. Ce profil est étendu progressivement aux autres corps de l’encadrement supérieur. Entre un jeune qui embrasse aujourd’hui en France une périlleuse carrière universitaire et celui qui choisit la haute administration, la différence salariale (base + primes) à 35 ans sera de plus de 50 %…

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