
Un juge fédéral de Washington a ordonné, mardi 22 avril, le rétablissement de certains médias publics américains à l’étranger, dont la plateforme Voice of America (VOA). Après un premier blocage, il s’agit là d’un nouveau revers pour le gouvernement Trump qui veut les démanteler. Fin mars, un autre magistrat fédéral, siégeant à New York, Paul Oetken, avait en effet déjà suspendu la décision de mettre fin aux activités de ces médias publics.
Mardi, le juge Royce Lamberth, saisi en urgence, a lui enjoint le gouvernement américain de réintégrer les employés de l’agence qui supervise ces médias, l’United States Agency for Global Media (USAGM), ainsi que de reprendre le versement des subventions allouées par le Congrès mais suspendues depuis mars. Il a aussi exigé le rétablissement des programmes de Voice of America, groupe public qui produit du contenu vidéo, radio et écrit à destination de publics non Américains.
Créé en 1942, VOA a été conçu comme un média de contre-propagande, destiné notamment aux populations soumises à des régimes autoritaires, en particulier du bloc soviétique de l’Est de l’Europe durant la guerre froide.
Un combat juridique autour des médias publics
Dans sa décision, le magistrat a estimé que le gouvernement n’avait pas produit d’éléments démontrant que ces médias ne respectaient pas la mission qui leur a été assignée par le Congrès.
Placé par Donald Trump sous l’autorité de l’ultra-conservatrice Kari Lake, l’USAGM avait annoncé, en mars, son démantèlement, évoquant une agence qui était devenue, selon le gouvernement, « une pourriture géante et un boulet pour les contribuables américains ». Selon l’administration Trump, l’USAGM, qui s’était rendue coupable de « gâchis, fraude et abus obscènes » présentait également « un risque pour la sécurité nationale ».
Faute de preuves de ces dérives présumées, « il est difficile d’imaginer exemple plus clair d’une décision arbitraire et capricieuse » que celle prise par le gouvernement américain, a considéré le juge Lamberth.
Ce dernier a aussi affirmé que l’administration Trump n’avait pas autorité sur des fonds fédéraux votés par le Congrès et que l’USAGM n’était qu’une courroie de transmission pour transférer cet argent aux médias concernés.
D’autres médias américains menacés
Parmi ces médias figurent, outre VOA, Radio Free Asia et Middle East Broadcasting Networks (MBN) une plateforme d’information destinée au Moyen-Orient.
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Le juge n’était pas saisi des cas de Radio Free Europe et Radio Liberty, dont le gouvernement Trump a annulé le démantèlement après une autre décision de justice, en mars.
« L’USAGM doit immédiatement mettre à exécution cette décision », a réagi, dans un communiqué, le directeur de l’antenne américaine de l’organisation Reporters sans frontières (RSF), Clayton Weimers. « Nous savons que ce combat n’est pas terminé », a-t-il cependant ajouté.
Sollicité, l’USAGM n’a pas donné suite dans l’immédiat.