Le régime d’Al-Assad, aux abois, crée une nouvelle donne régionale

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Un panneau d’affichage portant un portrait du président syrien, Bachar Al-Assad, brûlé sur la place Saadallah Al-Jabiri au centre d’Alep, le 5 décembre 2024.

L’air commence à se raréfier pour Bachar Al-Assad. Depuis 2011, en treize ans de guerre civile, le dictateur syrien a su déjouer tous les pronostics sur sa chute prochaine. Mais, face à la progression fulgurante du groupe islamiste Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) et de ses alliés soutenus par la Turquie, qui se sont emparés de Hama, jeudi 5 décembre, après Alep, les soutiens commencent à manquer. Son sort pourrait être scellé par la chute de Damas aux mains de HTC, une chose qui n’est plus impensable, ou se décider entre les grandes puissances réunies au sein du processus d’Astana, l’Iran, la Russie et la Turquie, qui sort grande gagnante de cette nouvelle donne.

L’effondrement de l’armée syrienne, face à l’offensive lancée par HTC le 27 novembre, a pris tout le monde par surprise, tant les soutiens que les détracteurs du régime de Damas. Les forces loyalistes ont des difficultés à garder leurs rangs soudés, et l’augmentation de 50 % de la solde des militaires de carrière, décrétée mercredi par le président Al-Assad, arrive un peu tard pour remobiliser une armée démoralisée et érodée par la guerre. Les milices alaouites, quant à elles, ne se pressent pas pour voler, une fois encore, au secours de M. Al-Assad.

Accaparés par leur guerre en Ukraine, où ils ont transféré l’essentiel de leurs moyens, les Russes n’ont pas pu secourir l’armée syrienne. L’Iran et ses affidés, dont le Hezbollah libanais, affaiblis par un an de confrontation avec Israël, peinent également à déployer des renforts. Le Hezbollah, qui aurait perdu entre 2 500 et 4 000 hommes selon les estimations, n’est pas capable de se redéployer sur le front syrien, après en avoir retiré des troupes en octobre pour se concentrer sur la bataille au Liban sud.

Quelques centaines de combattants ont été envoyés en renfort par les milices chiites irakiennes Al-Nujaba et Kataeb Hezbollah. Selon une source bien informée, ils ont été déployés sur le front de Deir ez-Zor, où les forces loyalistes ont repoussé mercredi, près de la base de Conoco, où stationnent des troupes américaines, une attaque lancée par des combattants alliés aux forces kurdes, appuyés par l’aviation américaine.

Les craintes de Téhéran

Jeudi, le chef de HTC, Abou Mohammed Al-Joulani, qui se fait désormais appeler par son nom de naissance, Ahmed Al-Chara, a exhorté, dans une vidéo, le premier ministre irakien, Mohammed Chia Al-Soudani, à ne pas permettre le départ en Syrie des unités de la Mobilisation populaire, une force gouvernementale composée en majorité de milices proches de l’Iran. Le chef du gouvernement irakien a déjà interdit le départ de ces troupes, soucieux de préserver le partenariat stratégique qu’il a scellé avec la Turquie, en avril.

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