Il manquait tout simplement quatre boulons sur la porte-bouchon de l’avion. La rumeur courait depuis quelques jours, elle a été confirmée mardi 6 février par l’enquête provisoire des autorités américaines, menée par l’Agence de sécurité des transports (le National Transport Safety Board, NTSB). Le Boeing 737 MAX 9 d’Alaska Airlines, dont un « bouchage » remplaçant une éventuelle porte supplémentaire s’est envolé dans les airs le vendredi 5 janvier, était sorti des usines Boeing sans ses boulons. La preuve, il n’y avait aucune trace d’arrachage à l’endroit où auraient dû figurer ces fameux boulons. « Les types de dommages observés et l’absence de dommages par contact ou de déformation autour des trous associés aux boulons d’arrêt [de la porte] indiquent que quatre boulons (…) manquaient », écrit le NTSB dans son rapport préliminaire de 19 pages.
Le fuselage et le bouchon de porte ont tous deux été produits par Spirit AeroSystems, une ancienne filiale de Boeing située dans le Kansas. L’ensemble est arrivé par train à l’usine Boeing de Renton, dans la région de Seattle, le 31 août. Le lendemain, Boeing a procédé à la réparation de cinq rivets endommagés avec l’un de ses sous-traitants, ce qui a nécessité le retrait de la fausse porte et de ses boulons. Le NTSB ne dit pas qui a enlevé les boulons, mais il apporte la preuve qu’ils n’ont pas été remis à leur place, en produisant une photo de la fausse porte, sans trois de ses boulons – l’emplacement du quatrième n’est pas visible sur le cliché —, avant que l’habillement intérieur de l’avion ne soit restauré.
La photo faisait partie d’un SMS envoyé entre employés de Boeing, le 19 septembre 2023, qui « discutaient de la restauration intérieure après que la retouche des rivets a été achevée », indique le rapport. L’avion fut livré à Alaska Airlines fin octobre. La qualité du bouchage, d’un poids de 28,5 kilogrammes et fabriqué en mars 2023 en Malaisie, n’est pas en cause, tout comme le travail d’installation du Wi-Fi à Oklahoma City, après la livraison de l’appareil à Alaska Airlines. L’accident est d’autant plus ravageur pour Boeing qu’il est compréhensible par tout un chacun et digne des films catastrophe.
Des clients furieux
« Quelles que soient les conclusions définitives, Boeing est responsable de ce qui s’est passé, a déclaré David Calhoun, le PDG de l’entreprise. Un événement comme celui-ci ne doit pas se produire dans un avion qui quitte notre usine. » Dès le 31 janvier, lors de la présentation des résultats annuels de l’avionneur, M. Calhoun avait reconnu la responsabilité de son entreprise. « Nous avons causé le problème. Au cours de ces dernières semaines, j’ai eu des conversations difficiles avec nos clients, avec nos régulateurs, les dirigeants du Congrès et bien d’autres encore. Nous comprenons pourquoi ils sont en colère et nous travaillerons pour gagner leur confiance », avait déclaré M. Calhoun aux analystes financiers.
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