Gagner du temps, sans donner l’impression de se dédire : voilà au moins un objectif qu’ont en commun le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, et le président américain, Joe Biden. Les deux dirigeants partagent toujours l’ambition de détruire toute capacité de nuisance du Hamas palestinien. Mais la Maison Blanche cesse de soutenir l’idée d’une opération terrestre massive dans le sud de la bande de Gaza, en raison du désastre humanitaire en cours. Un projet de résolution américaine, en circulation au Conseil de sécurité de l’ONU, appelle dorénavant à un « cessez-le-feu immédiat et durable ». Selon le New York Times, il mentionne « la menace de famine et d’épidémies provoquées par le conflit ».
Ces derniers mois, les Etats-Unis avaient bloqué trois autres résolutions allant dans ce même sens. Le langage de la Maison Blanche a évolué. L’expression « pause humanitaire » a disparu. La priorité est à un arrêt de l’opération militaire « lié à la libération des otages » toujours aux mains du Hamas, selon l’expression employée par le secrétaire d’Etat Antony Blinken, dans un entretien accordé à la chaîne de télévision Al-Hadath lors de son passage en Arabie saoudite, mercredi 20 mars. Ce dernier a aussi abandonné les formulations alambiquées sur le fait que Washington attendait de voir un plan d’action israélien convaincant à Rafah. « Nous ne voulons pas voir d’opération terrestre majeure parce que nous ne voyons pas comment cela peut être accompli sans infliger de terribles dégâts aux civils », a résumé plus sèchement Antony Blinken dans le même entretien.
Il a fallu plusieurs semaines à l’administration Biden pour admettre l’évidence : un déplacement forcé vers le nord de l’enclave palestinienne des réfugiés qui ont convergé à Rafah redoublerait le désastre humanitaire. Dorénavant, la Maison Blanche plaide pour une alternative. D’où l’invitation lancée au gouvernement israélien pour qu’il dépêche dans les jours prochains à Washington une délégation prête à entendre l’analyse des militaires américains.
Benyamin Nétanyahou a adopté un ton plus conciliant en acceptant d’envoyer à Washington deux personnalités politiques et non des militaires : son plus proche conseiller chargé des relations avec Les Etats-Unis, Ron Dermer, et son conseiller à la sécurité nationale, Tzachi Hanegbi. Séparément, le ministre de la défense, Yoav Gallant, qui ne cache pas ses désaccords sur la conduite de la guerre avec le chef du gouvernement, doit lui aussi se rendre dans la capitale américaine pour rencontrer son homologue, Lloyd Austin.
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