Le procès de Gérard Depardieu pour agressions sexuelles contre deux femmes lors d’un tournage en 2021 a été renvoyé, lundi 28 octobre, par le tribunal correctionnel de Paris aux 24 et 25 mars 2025.
Convoqué lundi devant le tribunal, l’acteur de 75 ans ne s’est pas présenté, son avocat invoquant des raisons de santé. « Malheureusement ses médecins ont prescrit une interdiction de se présenter aujourd’hui », a dit Jérémie Assous. Le président de la chambre a ordonné une expertise médicale début mars afin de statuer sur la capacité de l’acteur à pouvoir comparaître.
Une centaine de personnes, en grande majorité des femmes, ont manifesté lundi devant le tribunal de Paris. « Nous sommes ensemble pour dire aux victimes de Gérard Depardieu “nous sommes avec vous”. A toutes celles qui n’ont pas eu de procès, à toutes celles dont les plaintes n’ont pas été acceptées, à toutes celles qui ont peur de porter plainte, à toutes celles qui n’ont pas encore pu parler : nous sommes avec vous », a déclaré la militante féministe Anna Toumazoff. Fustigeant une « impunité qu’on observe depuis des décennies », Louise-Anne Baudrier, de la Fondation des Femmes, a dénoncé le fait que « beaucoup de personnes savaient ce que faisait Depardieu et personne n’a parlé ».
« Agresseur sexuel en série »
Gérard Depardieu s’était vu remettre fin avril, à l’issue d’une garde à vue, une convocation devant le tribunal « pour des agressions sexuelles susceptibles d’avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film Les Volets verts », de Jean Becker, avait annoncé le parquet.
Une des deux femmes, décoratrice de cinéma, avait porté plainte en février 2024 contre l’acteur – mis en examen pour viols dans une autre affaire – pour agression sexuelle, harcèlement sexuel et outrages sexistes pendant le tournage de ce film, aboutissant à l’ouverture d’une enquête. « J’attends que la justice soit la même pour tous et que M. Depardieu ne bénéficie pas d’un traitement de faveur parce qu’il est un artiste », a déclaré à l’Agence France-Presse (AFP) son avocate, Carine Durrieu-Diebolt.
« Les témoins et les preuves qu’il produira démontreront qu’il n’est que la cible d’accusations mensongères », a quant à lui promis Jérémie Assous, pour qui « le but poursuivi vient d’être révélé à travers les demandes d’indemnisation : s’enrichir de 30 000 euros ».
Selon la plaignante de 55 ans, les faits reprochés se seraient déroulés en septembre 2021, dans un hôtel particulier du 16e arrondissement parisien. Dans son récit au site d’investigation Mediapart, elle expliquait que Gérard Depardieu aurait soudainement hurlé lors d’une conversation qu’il voulait un « ventilateur », car il ne pouvait « même plus bander » avec cette chaleur. Puis il aurait assuré pouvoir « faire jouir les femmes sans les toucher ». Une heure plus tard, il l’aurait « attrapée avec brutalité » alors qu’elle quittait le plateau.
Menacé d’un autre procès
Gérard Depardieu l’aurait alors « bloquée en refermant ses jambes sur [elle] comme un crabe », puis lui aurait « pétri la taille, le ventre, en remontant jusqu’à [ses] seins », a-t-elle assuré. Il lui aurait également tenu des « propos obscènes » tels que « Viens toucher mon gros parasol, je vais te le fourrer dans la chatte ». « Ma cliente attend que la justice acte que Gérard Depardieu est un agresseur sexuel en série », a ajouté Carine Durrieu-Diebolt.
L’acteur sera aussi jugé pour des violences sexuelles qu’avait dénoncées dans une plainte une autre femme, assistante réalisatrice pour le même film. Lors de ce tournage, « du matin au soir, on avait le droit à ses salaceries », avait témoigné l’actrice Anouk Grinberg, dans un entretien à l’AFP. « Quand des producteurs de film engagent Depardieu sur un film, ils savent qu’ils engagent un agresseur », avait-elle accusé.
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Grande figure du cinéma français, Gérard Depardieu a été accusé ces six dernières années de violences sexuelles par plusieurs femmes. Des plaintes pour agressions sexuelles visant l’acteur ont été classées pour prescription. Mais Gérard Depardieu est sous la menace d’un autre procès : en août, le parquet de Paris a requis son renvoi devant la cour criminelle pour qu’il soit jugé pour viols et agressions sexuelles contre la comédienne Charlotte Arnould. Elle avait été la première à porter plainte contre l’acteur, en 2018.
« Jamais, au grand jamais, je n’ai abusé d’une femme », s’était-il défendu dans une lettre ouverte publiée dans Le Figaro le 1er octobre 2023.
En décembre 2023, Emmanuel Macron avait choqué les associations féministes en saluant un « immense acteur » qui « rend fière la France », dénonçant « une chasse à l’homme » après la diffusion d’un reportage de « Complément d’enquête » sur France 2, au cours duquel l’acteur multipliait les propos misogynes et insultants envers les femmes.