le président Yoon Suk Yeol présente ses excuses mais pas sa démission

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Des écrans de télévision montrent le discours en direct du président de la Corée du Sud, Yoon Suk Yeol, dans un magasin à Séoul, le 7 décembre 2024.

Invisible depuis son coup de force pour tenter d’imposer, mardi 3 décembre, la loi martiale dans le pays, le président sud-coréen, Yoon Suk Yeol, est finalement apparu sur les écrans de télévision, samedi 7 décembre, pour présenter ses « excuses sincères ». Mais il n’a pas remis sa démission, que beaucoup appellent, y compris dans les rangs de sa propre formation politique, le Parti du pouvoir au peuple (PPP).

A quelques heures d’un vote du Parlement sur sa destitution, M. Yoon a annoncé, dans un bref discours télévisé, qu’il confiera au PPP le soin de prendre « les mesures visant à stabiliser la situation politique, y compris concernant mon mandat ».

Pour le chef du PPP, la démission du président ne doit pas faire l’ombre d’un doute. « L’exercice normal de ses fonctions est impossible dans ces circonstances, et une démission anticipée est inévitable », a dit Han Dong-hoon, peu après le discours de M. Yoon.

Lâché par son propre parti

Yoon Suk Yeol, 63 ans, est conspué de toutes parts après avoir, à la surprise générale, décrété la loi martiale, mardi soir, avant d’être contraint de faire marche arrière six heures plus tard sous la pression des députés et de la rue. Il a été lâché, vendredi, par le PPP qui a jugé qu’il constituait un « danger » pour le pays.

Il est prévu que, sans démission de M. Yoon, le Parlement monocaméral se réunisse samedi à 17 heures locales (9 heures heure de Paris) pour se prononcer sur sa destitution. Une majorité de 200 députés sur 300 est nécessaire pour le démettre.

Craignant un nouveau coup de force du président, qui a disparu de l’espace public depuis mercredi à l’aube, les députés d’opposition ont décidé de camper dans l’Hémicycle jusqu’à l’examen de la motion de destitution.

Des responsables du PPP se sont rendus à la présidence, vendredi soir, pour discuter de la situation, selon l’agence sud-coréenne Yonhap. « M. Yoon a dit qu’il écouterait attentivement ce qu’ont à lui dire nos parlementaires, et réfléchirait profondément », a déclaré Shin Dong-uk, porte-parole du parti.

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Des autobus et d’autres véhicules ont été garés devant le Parlement pour empêcher les éventuels hélicoptères des forces spéciales d’y atterrir, comme ils l’avaient fait dans la nuit de mardi à mercredi. Mais lors de son intervention, samedi, M. Yoon a promis qu’il ne prononcera pas une deuxième fois la loi martiale.

Une cote de popularité au plus bas

Le PPP dispose de 108 sièges au Parlement, contre 192 pour l’opposition qui doit donc rallier à sa cause au moins huit députés du parti du président. Une tâche qui ne devrait pas poser de difficulté après les déclarations du chef du PPP.

Si la motion est approuvée, M. Yoon sera suspendu en attendant la validation de sa destitution par la Cour constitutionnelle. Si cette confirmation intervient, une élection présidentielle aura lieu sous soixante jours. L’intérim sera alors assuré par le premier ministre, Han Duck-soo.

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Yoon Suk Yeol, qui a enchaîné les crises depuis son arrivée au pouvoir, en 2022, est désormais visé par une enquête pour « rébellion » et sa cote de popularité a plongé à 13 %, selon un sondage Gallup publié vendredi.

Dans son allocution télévisée annonçant la loi martiale, mardi soir, il avait justifié cette mesure par la nécessité de protéger « la Corée du Sud libérale des menaces des forces communistes nord-coréennes et pour éliminer les éléments hostiles à l’Etat ». Il avait accusé le Parlement contrôlé par l’opposition de bloquer « tous les budgets essentiels aux fonctions premières de la nation ».

Malgré le bouclage du Parlement par l’armée et la police, 190 députés avaient réussi à y entrer, et avaient voté à l’unanimité une motion contre la loi martiale, pendant que leurs assistants barricadaient les portes. Des milliers de manifestants s’étaient massés autour de l’édifice, situé dans le centre de Séoul. Les parlementaires ont finalement abrogé la loi martiale, mercredi à l’aube, et renvoyé l’armée dans ses casernes.

Principaux alliés de la Corée du Sud, les Etats-Unis n’ont pas demandé publiquement le départ de M. Yoon. Le secrétaire d’Etat américain, Antony Blinken, a dit, vendredi, à son homologue sud-coréen, Cho Tae-yul, qu’il s’« attendait à ce que le processus démocratique l’emporte ».

Le Monde avec AFP

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