Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, accuse Israël de vouloir « dynamiter » la révolution en Syrie

3830


Poignée de main entre le président turc, Recep Tayyip Erdogan (à droite), et le président intérimaire syrien Ahmed Al-Charaa au Forum diplomatique d’Antalya, en Turquie, vendredi 11 avril 2025.

Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, a tenu un discours plein de défiance à l’égard d’Israël, jeudi 11 avril, lors d’un forum diplomatique à Antalya, dans le sud du pays, notamment sur la situation en Syrie qui ouvre une nouvelle ère après la chute de Bachar Al-Assad.

Israël « tente de dynamiter la révolution du 8 décembre en attisant les différences ethniques et religieuses en Syrie et en incitant les minorités du pays à s’opposer au gouvernement », a accusé le chef de l’Etat turc, faisant référence à la date du renversement du président Al-Assad, fin 2024, après près de quatorze années de guerre civile.

« Nous ne permettrons pas que la Syrie soit entraînée dans un nouveau tourbillon d’instabilité », a ajouté M. Erdogan, affirmant que « le peuple syrien en a assez des souffrances, de l’oppression et de la guerre ». Globalement, le président turc a accusé Israël de « menacer directement la stabilité de la région (…) avec ses attaques contre le Liban et la Syrie ».

L’influence d’Ankara en Syrie inquiète Israël

La Turquie est un soutien de poids de la coalition menée par des islamistes à la tête de la Syrie, qui a renversé l’ancien régime. Cette influence nouvelle d’Ankara en Syrie inquiète Israël.

Le président syrien par intérim, Ahmed Al-Charaa était lui aussi présent au forum diplomatique d’Antalya, où il a rencontré M. Erdogan en tête à tête. Le président turc a notamment assuré à son homologue que la Turquie poursuivrait « ses efforts diplomatiques pour lever les sanctions internationales contre la Syrie » et insisté sur la « nécessité » de « revitaliser la coopération commerciale et économique » entre les deux pays, a annoncé, sur X, la direction de la communication de la présidence turque.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés La Syrie, théâtre de la rivalité entre la Turquie et Israël

Ces déclarations virulentes de M. Erdogan interviennent deux jours après des discussions techniques en Azerbaïdjan entre la Turquie et Israël visant à prévenir un risque d’escalade en Syrie. Mais les deux puissances peinent à s’entendre : la réunion de mercredi n’a débouché sur rien de concret et chacune a des intérêts dans la région.

« Barbarie » à Gaza

Selon une source syrienne proche du dossier à l’Agence France-Presse (AFP), Ankara tente d’établir des « positions militaires » en Syrie, dont une « à l’intérieur de la base T4 », une base aérienne militaire de la province de Homs visée la semaine dernière par des frappes israéliennes. L’armée israélienne, quant à elle, cherche à tenir les troupes syriennes éloignées de sa frontière. Elle a intensifié la semaine dernière ses frappes meurtrières en Syrie et mené une incursion terrestre dans le sud du pays, visant notamment des bases et un aéroport militaires.

Newsletter

« A la une »

Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »

S’inscrire

Vendredi encore, Recep Tayyip Erdogan a répété que la conduite d’Israël vis-à-vis de Gaza est celle d’un « Etat terroriste », dénonçant la « barbarie » dont fait preuve, selon lui, le gouvernement Benyamin Nétanyahou depuis l’attaque du 7 octobre 2023 menée par le mouvement islamiste palestinien Hamas en Israël.

« Ce matin même, dix personnes, dont sept enfants, d’une même famille, sont morts en martyrs à Khan Younès. Si ce n’est pas de la barbarie, qu’est-ce que c’est ? », a martelé le chef de l’Etat turc. La Turquie a notamment suspendu ses relations commerciales avec Israël en réaction à la guerre dans la bande de Gaza.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu



Source link