le président sortant, Lazarus Chakwera, affronte son prédécesseur, Peter Mutharika

3048


Un bureau de vote dans le village de Malembo, près de Lilongwe (Malawi), le 16 septembre 2025.

Le président sortant du Malawi affronte son prédécesseur, mardi 16 septembre, lors d’élections présidentielle et législatives dans un pays où la population, majoritairement pauvre, fait face au quotidien à de nombreuses pénuries. Les électeurs ont commencé à voter à 6 heures, a constaté une équipe de l’Agence France-Presse (AFP) présente dans un bureau de vote du centre de la capitale, Lilongwe.

Le premier défi du vainqueur sera de relever une économie moribonde. Quelque 70 % des 21 millions d’habitants du Malawi vivent avec moins de 2,15 dollars (1,82 euro) par jour, selon la Banque mondiale. L’inflation dépasse 27 % en rythme annuel, et le secteur agricole, qui emploie plus de 80 % de la main-d’œuvre, a été durement affecté par deux sécheresses et un cyclone dévastateurs depuis 2023. Dix-sept candidats sont en lice pour la magistrature suprême dans ce pays enclavé d’Afrique australe. Mais, selon les analystes, la bataille électorale va de nouveau se jouer entre le président sortant, le pasteur évangélique Lazarus Chakwera, 70 ans, et son prédécesseur, l’ex-professeur de droit Peter Mutharika, 85 ans.

Premier dans une file d’attente à Lilongwe, Lindani Kitchini, cadre de 47 ans, dit souhaiter un nouveau mandat de cinq ans de Lazarus Chakwera. « Donnons-lui une chance de faire passer le pays à un niveau supérieur. Il y a des problèmes dans tous les pays. On a pu voir des progrès significatifs », assure-t-il. L’élection se résume à un choix entre « deux déceptions », explique à l’AFP le commentateur politique Chris Nhlane : « Les deux hommes incarnent un potentiel inexploité et des espoirs déçus, et pourtant les Malawiens doivent choisir le moindre mal entre les deux. »

Les deux hommes, qui se sont affrontés une première fois lors de l’élection de 2014, remportée par Peter Mutharika, ont attiré de larges foules lors de leurs derniers meetings de campagne ce week-end. Mais de nombreux jeunes électeurs ne cachent pas leur désenchantement. « Je préférerais aller travailler plutôt que de voter », explique Joseph, autoentrepreneur de 30 ans, qui préfère ne pas donner son nom. « Rien ne change », résume-t-il.

Pénuries de carburant

Environ 60 % des 7,2 millions d’électeurs inscrits ont moins de 35 ans. Des groupes de la société civile se sont mobilisés pour les convaincre d’aller voter mardi, entre 6 heures et 16 heures. « Nous n’avons pas besoin d’un leader, nous avons besoin de quelqu’un qui puisse redresser l’économie », explique à l’AFP l’un de ces militants, Charles Chisambo, 34 ans.

Lazarus Chakwera, issu du Parti du Congrès du Malawi (MCP), a fait campagne sur le thème de la continuité, mettant en avant la livraison de plusieurs chantiers d’infrastructures (routes, écoles, hôpitaux…). « Il y a eu des plaintes à propos du coût de la vie, du manque de ressources, des pénuries alimentaires », a-t-il reconnu samedi en meeting à Lilongwe. « On va tout redresser », a-t-il promis. Quelques jours auparavant, il avait annoncé une forte diminution du prix des engrais. La population doit s’adapter à des pénuries de carburant récurrentes, alimentées par le manque de devises étrangères pour s’acquitter de ces importations, conséquence d’un déficit commercial marqué et d’une dette aussi élevée que coûteuse.

En quête d’un deuxième mandat, Lazarus Chakwera avait accédé au pouvoir après l’annulation des résultats des élections de 2019 pour des irrégularités. Lors du nouveau scrutin en 2020, il avait obtenu près de 59 % des voix et privé d’un deuxième mandat Peter Mutharika, du Parti démocrate progressiste (DPP). Cinq ans plus tard, une forme de nostalgie des années Mutharika, synonymes d’une « relativement meilleure administration », s’est installée, selon l’analyste Mavuto Bamusi. « La prime au sortant Chakwera a été largement entamée par de mauvais résultats économiques », souligne-t-il.

En meeting à Blantyre, la deuxième ville du pays, Peter Mutharika a déclaré vouloir « sauver ce pays ». « Je vais voter pour lui, car il sait comment gérer l’économie et il a le bien-être des Malawiens à cœur », déclare à l’AFP Thula Jere, un étudiant de 31 ans. Si aucun des candidats ne recueille plus de 50 % des voix, un second tour est prévu dans les soixante jours.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu



Source link