le premier ministre exclut de démissionner après la débâcle de son parti lors des élections législatives

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Shigeru Ishiba, lors d’une conférence de presse, à Tokyo, le 28 octobre 2024.

Le premier ministre japonais, Shigeru Ishiba, a reconnu, lundi 28 octobre, la « défiance » et la « colère » des électeurs au lendemain de sa lourde défaite électorale. Mais, il a exclu de démissionner, promettant des « réformes fondamentales » au sein de son parti entaché par un vaste scandale financier.

Dans la foulée de sa nomination à la tête du gouvernement le 1er octobre, Shigeru Ishiba avait convoqué des législatives anticipées, espérant consolider son pouvoir en renforçant la position de son Parti libéral-démocrate (PLD), qui gouverne le Japon presque sans interruption depuis sept décennies.

Mais, selon les projections de la chaîne de télévision nationale NHK et dans l’attente des résultats officiels, le PLD n’a pas atteint la majorité absolue de 233 sièges à lui tout seul, pour la première fois depuis 2009. Pire, ces chiffres suggèrent que la coalition au pouvoir composée du PLD et du parti Komei n’a pas non plus réussi à s’assurer le contrôle de la moitié des 465 sièges de la chambre basse. Le PLD a remporté 191 sièges et le parti Komei vingt-quatre, selon les décomptes de la NHK, lundi matin.

« Le plus grand facteur [de la défaite], c’est la suspicion, la défiance et la colère qui ne se sont pas estompées sur le problème des financements et de la politique », a reconnu le premier ministre japonais, promettant une « réforme fondamentale » sur ce sujet. Déjà pénalisé par la situation économique et la forte inflation, le PLD a pâti des retombées d’une affaire de « caisses noires » en son sein.

Shigeru Ishiba, 67 ans, a cependant affirmé vouloir rester en poste, afin d’éviter de créer « un vide politique ». « Je veux remplir mon devoir, qui est de protéger la vie des gens, de protéger le Japon », a-t-il affirmé devant la presse. A contrario, Shinjiro Koizumi, responsable des élections au sein du PLD, a démissionné lundi de ses fonctions.

Pas d’élargissement de la coalition

Les analystes doutent de la capacité de l’opposition, très divisée, à former elle-même une alliance. Shigeru Ishiba devra donc désormais diriger un gouvernement minoritaire (sans majorité absolue au Parlement), au risque d’avoir du mal à faire adopter ses textes, ou chercher de nouveaux partenaires de coalition. Il a précisé, lundi, ne pas souhaiter « à ce stade » élargir sa coalition, préférant des discussions selon les textes avec les partis d’opposition.

Pour autant, Shigeru Ishiba pourrait voir sa position contestée au sein du PLD, dont certains cadres, partisans de l’ancien premier ministre Shinzo Abe, « avaient été malmenés par M. Ishiba et pourraient donc saisir l’occasion de prendre leur revanche », estime Yu Uchiyama, professeur de sciences politiques à l’université de Tokyo. Mais, selon lui, « le PLD ayant perdu un nombre de sièges considérable, ils pourraient décider de soutenir Ishiba pour l’instant, pensant que ce n’est pas le moment de se livrer à des querelles intestines ».

Lors des dernières élections générales, en 2021, le PLD avait obtenu la majorité avec 259 sièges à la puissante chambre basse du Parlement. Le parti Komei en avait remporté trente-deux, installant une majorité confortable. Si les résultats officiels la confirment, la perte de la majorité par le PLD sera le pire résultat depuis qu’il a perdu le pouvoir en 2009, avant d’être ramené aux affaires en 2012 par une large victoire de Shinzo Abe.

« La gouvernance PLD-parti Komei ne peut pas continuer »

Des sondages d’opinion avant l’élection avaient suggéré que dans de nombreuses circonscriptions les candidats du PLD étaient au coude à coude avec ceux du Parti démocrate constitutionnel (PDC), principal groupe d’opposition, dirigé par le populaire ancien premier ministre Yoshihiko Noda. Le PDC, deuxième plus gros groupe au Parlement, semble avoir réalisé une avancée considérable, la NHK comptabilisant 148 sièges contre 96 auparavant.

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« Les électeurs ont choisi le parti le plus apte à promouvoir les réformes politiques », s’est félicité Yoshihiko Noda, dimanche soir, ajoutant que « la gouvernance PLD-parti Komei ne peut pas continuer ».

Les législatives consacrent aussi la progression de plus petites formations, le Parti démocrate du peuple (centre) quadruplant son nombre de sièges, selon la NHK. Le Reiwa Shinsengumi, parti populiste fondé par un ancien acteur, passerait de trois à neuf sièges après avoir promis d’abolir la taxe sur la consommation et d’augmenter les retraites, tandis que le parti conservateur du Japon, anti-immigration et nationaliste, a remporté ses trois premiers sièges.

Le nombre de femmes parlementaires élues à la chambre basse pourrait atteindre un niveau record de soixante-treize, toujours selon la chaîne publique NHK.

Le Monde avec AFP



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