En 2015, le pape François consacrait pour la première fois une encyclique entière au thème de l’écologie. En publiant Laudato si’ (« loué sois-tu » en vieil italien), premiers mots du Cantique de frère Soleil, une prière de François d’Assise, un saint auquel Jorge Mario Bergoglio a emprunté son nom de pontife, l’Argentin opérait une révolution. La préoccupation pour l’environnement n’était pas étrangère à ses prédécesseurs mais, pour la première fois, elle prenait une place centrale.
Huit ans plus tard, François réitère l’exercice en publiant, mercredi 4 octobre, un nouveau texte consacré à la question et intitulé Laudate Deum (« louez Dieu »). Plus modeste, cette suite n’est pas une encyclique, texte à valeur magistérielle, mais une exhortation apostolique, qui relève plutôt de la recommandation aux fidèles. Elle est aussi une charge contre le climatoscepticisme.
L’urgence de la situation semble habiter le pape. « Je me rends compte au fil du temps, écrit-il, que nos réactions sont insuffisantes alors que le monde qui nous accueille s’effrite et s’approche peut-être d’un point de rupture. » « Nous avons beau essayer de les nier, de les cacher, de les dissimuler ou de les relativiser, poursuit-il, les signes du changement climatique sont là, toujours plus évidents. Nul ne peut ignorer que nous avons assisté ces dernières années à des phénomènes extrêmes, à de fréquentes périodes de chaleur inhabituelle, à des sécheresses et à d’autres gémissements de la Terre qui ne sont que quelques-unes des expressions tangibles d’une maladie silencieuse qui nous affecte tous. »
Démonstration pédagogique
Le texte confirme que la « préservation de la maison commune », autrement dit la planète, occupe une place de choix dans la théologie de François au milieu des questions sociales et de fraternité humaine, dont elle ne saurait se dissocier. Nul ne pourra dire que ce pape a délaissé ce qui pourrait être le plus grand défi des temps modernes et la plus grande menace pour la vie humaine : le dérèglement climatique. Comme il l’avait fait dans le premier texte, le pontife rappelle encore une fois le rôle primordial joué par l’homme dans la crise écologique. « On ne peut plus douter de l’origine humaine – “anthropique” – du changement climatique », écrit ainsi François.
Au-delà de ce constat, c’est à une véritable démonstration pédagogique, ancrée dans des chiffres et des références aux rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, que se livre le pape. François veut montrer à ceux qui doutent de l’urgence de la situation qu’ils ont tort et à ceux qui décident qu’il faut agir. Car en huit ans, avance-t-il, « la réflexion et les informations » recueillies ont permis de « préciser et de compléter ce que nous avons affirmé il y a quelque temps. C’est pour cette raison, et parce que la situation est en train de devenir encore plus urgente, que j’ai voulu partager ces pages avec vous ».
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