Des stars de la K-Pop au président, en passant par les lecteurs anonymes, toute la Corée du Sud se réjouit du prix Nobel de littérature obtenu, jeudi 10 octobre, par l’écrivaine Han Kang. La décision de l’Académie suédoise en faveur d’une romancière reconnue « pour sa prose poétique intense qui affronte les traumatismes historiques et expose la fragilité de la vie humaine » flatte la fierté d’un pays sensible à toute forme de reconnaissance internationale.
« C’est une réalisation monumentale dans l’histoire de la littérature coréenne et un motif de célébration nationale pour l’ensemble de la population », s’est réjoui le président, Yoon Suk Yeol, sur sa page Facebook. M. Yoon a salué un travail qui a « transcendé les blessures douloureuses de notre histoire moderne pour en faire une grande œuvre littéraire ».
« Félicitations. J’ai lu Celui qui revient [Points, 2017] quand je faisais mon service militaire », a réagi V, membre du boys band BTS, sur les réseaux sociaux. La chanteuse Hynn – de son vrai nom Park Hye-won – a révélé qu’elle avait choisi son nom de scène après avoir lu Blanc (Le Serpent à Plumes, 2019), « hynn » signifiant « blanc » en coréen.
L’octroi du prix à Mme Han a provoqué une ruée sur ses ouvrages. Les sites des deux principales librairies sud-coréennes en ligne, Kyobo Book Centre et Yes24, ont été submergés de demandes. Dans la demi-journée qui a suivi l’annonce du comité Nobel, plus de 130 000 ouvrages de la native de Gwangju (sud) ont été vendus sur les deux plateformes.
Au-delà, c’est la reconnaissance de la littérature sud-coréenne à l’international qui est saluée. « Des conflits éclatent partout dans le monde. Le travail de Han Kang est une bouffée d’air frais. L’Académie suédoise a apprécié cet aspect de son œuvre », a déclaré au quotidien de centre-gauche Hankyoreh Lee Hyun-ja, directeur éditorial de l’éditeur Munhakdongne.
Ce même journal a salué l’octroi d’un prix pour la première fois à « une femme asiatique », tandis que le Korea Herald a apprécié « la révolution littéraire tout en douceur » menée par l’écrivaine.
« La culture coréenne, les films et la K-Pop se diffusent dans le monde entier. Ce Nobel représente un sommet pour la culture coréenne », ajoute Yeom Jong-seon, PDG de Changbi Publishers, qui a publié La Végétarienne (Le Serpent à plumes, 2015). Kwak Hyo-hwan, ancien président de l’Institut coréen de traduction et ardent promoteur de la littérature sud-coréenne à l’étranger, a fait remarquer que « depuis que La Végétarienne a remporté l’International Booker Prize en 2016, les occasions opportunes de traduction ne tarissent pas. Une ribambelle d’auteurs coréens profitent du succès de Mme Han ».
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