Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, principal opposant au président turc, arrêté dans le cadre d’une enquête pour corruption

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Le maire d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, candidat du Parti républicain du peuple pour les municipales, lors d’un meeting électoral, à Istanbul le 30 mars 2024.

Le maire d’opposition d’Istanbul, Ekrem Imamoglu, a été interpellé, mercredi 19 mars au matin, selon son entourage, des médias locaux citant une enquête pour corruption et des liens avec le terrorisme, comme raison de son arrestation.

« Des centaines de policiers sont arrivés à ma porte. Je m’en remets à ma nation. La police fait irruption chez moi et frappe à ma porte », a annoncé M. Imamoglu sur X. Un de ses collaborateurs a rapporté à l’Agence France-Presse que M. Imamoglu avait ensuite été arrêté et conduit dans les locaux de la police.

Selon les médias locaux, qui citent un communiqué du bureau du procureur d’Istanbul, M. Imamoglu est accusé d’être « à la tête d’une organisation criminelle à but lucratif » dans le cadre de l’enquête sur la corruption, ainsi que « d’aide au PKK », le Parti des travailleurs du Kurdistan, considéré comme terroriste par Ankara dans le cadre d’une deuxième enquête.

Des mandats d’arrêt ont été émis à l’encontre d’une centaine d’autres personnes, selon l’agence de presse Anatolie. Les autorités ont fermé plusieurs routes autour d’Istanbul et ont interdit les manifestations dans la ville pendant quatre jours pour prévenir des manifestations après cette arrestation, rapporte l’agence Associated Press.

Diplôme universitaire invalidé

Cette arrestation a eu lieu après une perquisition au domicile de M. Imamoglu, un jour après que l’université d’Istanbul a invalidé son diplôme, sous couvert de prétendues irrégularités dans son transfert, en 1990, d’une université privée du nord de Chypre à sa faculté d’administration des affaires, disqualifiant de fait cette figure populaire de l’opposition pour la prochaine course à la présidence. Selon la loi turque, il faut être titulaire d’un diplôme universitaire pour se présenter aux élections. M. Imamoglu a déclaré qu’il contesterait cette décision.

Le parti du maire – le Parti républicain du peuple, principal parti d’opposition – organisera, dimanche, une primaire au cours de laquelle M. Imamoglu devrait être choisi comme son candidat à la future élection présidentielle. Le prochain scrutin présidentiel en Turquie est prévu pour 2028, mais des élections anticipées sont probables.

Le chef de l’opposition fait l’objet de multiples poursuites judiciaires, notamment pour avoir tenté d’influencer un expert judiciaire chargé d’enquêter sur les municipalités dirigées par l’opposition. Ces affaires pourraient donner lieu à des peines de prison et à une interdiction d’exercer une activité politique.

Election historique en 2019

Ekrem Imamoglu a fait également appel d’une condamnation prononcée en 2022 pour avoir insulté des membres du Conseil électoral suprême de Turquie, une affaire qui pourrait entraîner une interdiction d’exercer une activité politique.

M. Imamoglu avait été élu maire de la plus grande ville de Turquie en mars 2019, ce qui a porté un coup historique à M. Erdogan et à son Parti de la justice et du développement, qui contrôlait Istanbul depuis un quart de siècle. Le parti a fait pression pour annuler les résultats des élections municipales dans cette ville de 16 millions d’habitants, alléguant des irrégularités. Cette contestation avait donné lieu à une nouvelle élection quelques mois plus tard, que M. Imamoglu avait également remportée. Le maire a conservé son siège à la suite des élections locales en 2024, au cours desquelles son parti a réalisé des gains importants par rapport au parti au pouvoir d’Erdogan.

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Le Monde avec AP et AFP

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