Le journaliste, écrivain et cinéaste argentin Osvaldo Tcherkaski, ancien reporter de l’Agence France-Presse (AFP), est mort, jeudi 5 décembre, à Buenos Aires, à l’âge de 86 ans.
Né en 1938 à Buenos Aires, il a commencé sa carrière au début des années 1970 à la revue Siete Dias puis au journal La Opinion, où il tentait de décrire le gouvernement de Juan Domingo Peron, revenu au pouvoir en 1973. Se sentant menacé tant par les paramilitaires de la Triple A [Alliance anticommuniste argentine] que par les guérilleros péronistes des Montoneros, Osvaldo Tcherkaski décide de partir à Paris, où le directeur pour l’Amérique latine de l’AFP, Jean Huteau (1919-2003), lui propose de l’engager au desk espagnol, dont il deviendra un pilier. Ce service était alors le refuge de nombre d’exilés politiques des dictatures latino-américaines.
Tcherkaski, qui ne parle pas un mot de français, prend des cours à la Sorbonne. Les journalistes l’ayant côtoyé se souviennent de sa chevelure abondante, de ses jeans et des sabots avec lesquels il se rendait à la rédaction. « Nous étions de service le soir à “la petite nuit” – de 18 heures à minuit – et nous savions qu’Osvaldo écrivait pour lui le reste du temps, se souvient Alain Frachon, qui a travaillé pendant dix ans à l’AFP, avant d’entrer au Monde. Il n’était pas rare de le voir avec, sous le bras ou sur son bureau, les Mémoires de Saint-Simon ou quelque autre grand classique de la littérature française. Naturellement, le desk “latino” abritait en permanence un vif – mais amical – débat politique entre “libéraux” et “péronistes de gauche”. Osvaldo passait pour un sage, esprit vif, homme de doute et de questionnement plus que militant, revenu de bien des batailles politiques et privilégiant le récit sur l’actualité au jugement sur l’actualité. »
Retour au pays
C’est lors d’un déplacement à Bruxelles, en 1974, que Tcherkaski fait la rencontre de Christine Legrand, alors stagiaire pour l’AFP, et qui deviendra son épouse. Elle le suivra à Washington à la fin des années 1970, où Osvaldo est nommé d’abord pour couvrir le continent latino-américain, en particulier la révolution sandiniste au Nicaragua et la guerre civile au Salvador, puis est chargé de suivre les actualités de la Maison Blanche.
En 1983, il demande un congé sabbatique d’un an pour retourner en Argentine et vivre dans son pays le retour de la démocratie, après sept ans de dictature militaire, et décide finalement de s’y réinstaller pour de bon. Tandis que Christine Legrand devient la correspondante du Monde dans la région, il est engagé comme chef du supplément culturel du journal Tiempo Argentino. Deux ans plus tard, il entre à Clarin, un des journaux en espagnol à plus forte diffusion au monde. Chef du service international du quotidien, il est également à l’origine de la création du master en journalisme documentaire à l’Université nationale de Tres de Febrero, où il a dirigé la section de formation des journalistes jusqu’en 2023.
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