
C’était l’ultime échange prévu dans le cadre de la première phase du cessez-le-feu conclu dans la bande de Gaza entre Israël et le Hamas. Le mouvement islamiste palestinien a restitué, dans la nuit de mercredi 26 à jeudi 27 février, quatre corps d’otages israéliens morts à Gaza, et a confirmé avoir réceptionné 600 prisonniers libérés dans le cadre de l’accord de trêve qui expire samedi 1er mars.
Un bus transportant des détenus palestiniens relâchés est ainsi arrivé à Ramallah, en Cisjordanie, a constaté un journaliste de l’Agence France-Presse (AFP). Portant le traditionnel keffieh et des vestes pour couvrir leurs uniformes de prison, les prisonniers libérés sont descendus du bus devant une foule compacte qui les a acclamés, avant de se soumettre à un rapide bilan de santé. Des sources de sécurité et des témoins ont par ailleurs fait état de l’arrivée de centaines de prisonniers à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza.
Israël a, de son côté, confirmé avoir réceptionné les cercueils de « quatre otages tombés » et dit avoir entamé le processus d’identification. Le bureau du premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, avait exigé que la remise se fasse « sans cérémonies du Hamas », contrairement aux précédents échanges. Ces mises en scène, avec des otages exhibés sur des podiums face à des foules de Gazaouis, ont été dénoncées à plusieurs reprises notamment par l’ONU et la Croix-Rouge.
Selon les médias israéliens, les quatre otages dont les corps devaient être restitués sont Tsachi Idan, Itzik Elgarat, Shlomo Mansour et Ohad Yahalomi – dernier Franco-Israélien détenu par le Hamas – confirmant ainsi les identités publiées plus tôt par le mouvement palestinien.
Incertitude sur la deuxième phase du cessez-le-feu
Deux responsables du Hamas avaient affirmé à l’AFP que 625 prisonniers palestiniens seraient libérés en échange. Selon l’une de ces sources, il s’agissait de 602 Palestiniens qui auraient dû sortir de prison le 22 février en échange de six Israéliens relâchés par le Hamas, et de 23 femmes et mineurs. Israël avait annulé au dernier moment les sorties de prison prévues samedi dernier, exigeant la fin des « cérémonies humiliantes » organisées par le Hamas quasiment à chaque remise d’otages.
En incluant les restitutions de la nuit, le cessez-le-feu, entré en vigueur le 19 janvier dans la bande de Gaza après quinze mois de guerre, a permis le retour en Israël de 33 otages, dont huit morts. Environ 1 700 Palestiniens ont été libérés.
L’incertitude pèse maintenant sur la suite de la trêve : les termes de la deuxième étape, censée débuter le 2 mars et déboucher sur la fin définitive de la guerre et la libération de tous les otages encore retenus à Gaza, n’ont toujours pas été discutés.
« Il n’a pas d’autre choix que de démarrer des négociations pour la deuxième phase », a estimé, jeudi, le Hamas, dans un communiqué sur Telegram, après ce dernier échange d’otages et de prisonniers, assurant avoir fait en sorte qu’Israël ne puisse pas avoir de « fausses excuses » pour faire échouer le processus.
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Mardi soir, l’émissaire américain pour le Moyen-Orient, Steve Witkoff, avait fait état de « beaucoup de progrès » en vue d’une reprise des pourparlers. Il avait annoncé qu’Israël envoyait une équipe de négociateurs « soit à Doha soit au Caire, où les négociations vont commencer ». Mais Israël n’a pas confirmé ses déclarations.
Le Hamas s’était auparavant dit prêt à remettre à Israël tous les otages restant « en une seule fois » durant cette deuxième phase. Avant l’échange de la nuit, sur les 251 otages enlevés le 7-Octobre en Israël, 62 étaient toujours retenus à Gaza, dont 35 morts, selon l’armée israélienne.
Emotion lors des funérailles de Shiri Bibas et ses deux garçons
En Israël, des dizaines de milliers de personnes ont salué, mercredi, le long des routes le passage du cortège funéraire de Shiri Bibas et de ses deux petits garçons, tués en captivité à Gaza et devenus le symbole de la tragédie des otages. La semaine dernière, le retour de leurs dépouilles avait profondément ému en Israël et au-delà.
« Shiri, je vous demande pardon pour ne pas avoir pu vous protéger », a lancé son époux, Yarden Bibas, libéré de Gaza le 1er février, dans son éloge funèbre empreint d’émotion, dans un cimetière près du kibboutz Nir Oz, dans le sud d’Israël, où la famille avait été enlevée.
Lors des funérailles, la famille a demandé à tous les responsables israéliens d’assumer la responsabilité de la mort de leurs proches en captivité. « Ils auraient pu vous sauver mais ont préféré la vengeance », a lancé Ofri Bibas, belle-sœur de Shiri.