La campagne de Herbert Kickl s’est terminée comme elle avait commencé : dans la radicalité. Le chef du Parti de la liberté d’Autriche (FPÖ) a fêté, dimanche 29 septembre, sa victoire historique aux élections législatives, obtenue avec près de 29 % des voix, dans une brasserie du campus de l’université de Vienne en compagnie de militants identitaires qui ont imprimé pour l’occasion une banderole portant le slogan « 29 % pour la remigration ».
Interdit en France, où il est par ailleurs jugé trop sulfureux par un Rassemblement national en quête de dédiabolisation, le mouvement identitaire s’est largement étendu dans le petit pays alpin où il est particulièrement actif. Depuis qu’il a pris la tête du FPÖ, en 2021, M. Kickl, 55 ans, a ouvert grand les portes de son parti d’extrême droite aux prophètes autrichiens du « grand remplacement », cette théorie raciste et complotiste particulièrement absurde dans un pays qui compte à peine 8 % de musulmans.
Comme eux, M. Kickl rêve de « remigration » et de transformer l’Autriche en une « forteresse » censée protéger l’« homogénéité » du peuple autrichien. Prospérant sur le fort courant complotiste antivax qui a explosé en Autriche à l’occasion de l’épidémie de Covid-19, cette radicalité a permis au FPÖ d’arriver, pour la première fois de son histoire, en tête d’un scrutin législatif. Mais elle risque aussi de l’empêcher de parvenir au pouvoir, tant la totalité des autres partis refusent jusqu’ici de laisser M. Kickl devenir chancelier.
Après avoir fait la fête avec ses amis radicaux, le chef du FPÖ l’a bien compris et joue donc, depuis lundi 30 septembre, de l’autre image de son parti. Celle d’une formation qui a déjà participé à deux gouvernements ces vingt-cinq dernières années et reste profondément institutionnalisée à tous les échelons du pays. Parlant subitement de « points communs avec le président [l’écologiste Alexander Van der Bellen]», chargé de nommer le prochain chancelier, M. Kickl chercher à faire oublier qu’il qualifiait récemment le chef de l’Etat de « momie », de « sénile » et de « plus grand danger pour la démocratie ».
Fondé par d’anciens nazis
Or, même si le FPÖ a été fondé en 1956 par d’anciens nazis, qu’il est secoué régulièrement par des scandales marquant sa nostalgie pour la seconde guerre mondiale, et que M. Kickl a estimé en 2010 « ne pas pouvoir être d’accord pour déclarer que la Waffen-SS était collectivement coupable », il ne faut jamais oublier qu’en Autriche, le cordon sanitaire contre ce parti d’extrême droite a été rompu depuis longtemps.
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