Qui est Michael Canitrot, 43 ans, l’homme qui, en fin de soirée, samedi 7 décembre, pour la réouverture de Notre-Dame de Paris, doit transformer la façade de la cathédrale en objet mouvant et son parvis en dancefloor ? Cela fait un quart de siècle que ce DJ parcourt les clubs du monde entier. Depuis Laurent Garnier et David Guetta, la « French touch » est un des genres de la musique française qui s’exportent le mieux. Puisque l’objectif avoué avec ce chantier de reconstruction était de montrer le savoir-faire français, il semblait normal que les décibels s’invitent au rendez-vous.
Le gamin de Gretz-Armainvilliers (Seine-et-Marne), à l’est de Paris, qui a grandi à l’ombre d’un père lui-même DJ puis animateur d’une émission radio sur Skyrock et aujourd’hui agent d’artistes, anime des boums dès ses 9-10 ans, joue de la batterie à 14, enregistre des mixtapes qu’il fait tourner à 16 ans et, enfin, frappe à la porte des Bains Douches époque David et Cathy Guetta à 18 ans. « Chez mes parents il y avait une pièce dont les quatre murs étaient recouverts de vinyles, alors forcément… »
Aux Bains Douches, la boîte hype parisienne (devenu un hôtel de luxe), à force d’insister, on lui donne un soir pour tenter sa chance. Il s’en souvient, c’était un 2 janvier. La pire soirée de l’année. Celle où il n’y a personne. Il fait venir ses potes, fait sonner le tocsin. Bingo. La soirée est un succès. Petit à petit, aux Bains, on va lui donner le mardi soir, puis le mercredi, le jeudi, jusqu’au Graal : le samedi.
« Une communion qui se crée »
Le voici lancé. Miami, Ibiza, New York, Londres… Et Paris, où il crée son propre événement « So happy in Paris » qui fait sa notoriété dans le monde des « bpm » et de l’exsudation musicale. « J’ai toujours eu la nécessité d’un écrin où jouer mes musiques, de définir un lieu, un décor… », explique ce quadra à la tignasse brune avalant un jus de citron au milieu des amateurs de cocktails d’un bar d’hôtel bruyant de Palais-Royal.
En 2018, il donne un concert à la Monnaie de Paris, quai Conti. Cinq mille personnes. Avec un éclairage et un mapping vidéo des façades. Succès. On lui demande une réédition. C’est là que germe l’idée, chez le DJ-producteur, du « Monumental Tour » : allier son amour du patrimoine – ses parents l’emmenaient visiter les musées et châteaux et lui-même, affirme-t-il, ne rate pas une occasion de visite lorsqu’il voyage – à son amour de la musique. Il constitue autour de lui une équipe d’artistes visuels, de graphistes, de techniciens, une trentaine au total. A partir de 2019, il commence à écumer les monuments de France, de Navarre et d’au-delà.
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