« Le développement du commerce de centre-ville ne se réduit pas à la poursuite d’un objectif marchand »

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Ces dernières décennies, le commerce des centres-villes a été fortement fragilisé. En 2016, un rapport de l’inspection générale des finances a mis en lumière cette situation, incitant l’Etat à lancer, en 2018, le programme national de rénovation urbaine baptisé « Cœur de ville », destiné en particulier aux villes de taille moyenne. Il y avait d’autant plus urgence à agir pour l’Etat qu’après avoir été confrontés à la concurrence des grandes surfaces en périphérie, les commerces de centre-ville ont dû ensuite affronter l’essor du commerce en ligne, qui a été accéléré par la crise du Covid-19.

Si l’Etat s’est récemment emparé de la question, de nombreuses collectivités ont dès le début des années 2000 mis en place des démarches moins médiatisées, qui visaient à revitaliser leurs commerces en centre-ville. On y a vu parfois une volonté de transformation du centre-ville en « centre commercial à ciel ouvert ». Au Royaume-Uni, dans les années 1990, des initiatives dites « de town center management » se sont répandues, qui visaient, en un mot, à lutter contre le taux de vacance commerciale dans les villes à travers des politiques consistant à y attirer les grandes enseignes.

Pourtant, le développement du commerce du centre-ville ne signifie pas nécessairement la disparition des petits commerces au profit des grandes enseignes, et ne se réduit pas à la poursuite d’un objectif marchand. Une étude menée dans le cadre de l’ouverture de Reims Commerce montre en effet la diversité des logiques de redynamisation des commerces de centre-ville.

Lire l’enquête (2023) | Article réservé à nos abonnés Urbanisme : l’Etat veut redessiner la périphérie des villes, longtemps négligée

Ces stratégies localisées s’accompagnent parfois de l’embauche de personnes qui se consacrent à la revalorisation des centres-villes : les managers de centre-ville. Cette dénomination recouvre en fait un ensemble d’experts aux parcours et aux visions différentes. On peut y retrouver des points communs : un suivi du taux de vacance, un engagement auprès des commerçants, artisans et parfois artistes, la fine connaissance du tissu économique local et politique, les partenariats avec les associations de commerçants, le souci de l’organisation urbaine du centre-ville. Au-delà de pratiques professionnelles, c’est surtout la rencontre des commerçants et l’intérêt pour leur ville qui permet à ces acteurs de réussir la redynamisation de leur centre-ville.

Expérience renouvelée

Ces experts, en plus de leur connaissance du tissu économique local, sont capables de travailler avec de fortes contraintes budgétaires et de s’adapter dans des environnements publics mouvants et parfois conflictuels (entre la région et la municipalité par exemple). Ils parviennent à fédérer l’ensemble des services de la ville en faisant parfois de leur lieu de travail un guichet unique dédié aux commerçants. Il s’agit alors de montrer l’engagement auprès des commerçants par une simplification d’accès aux différents services administratifs. L’ouverture d’un « bureau de commerce », implanté en centre-ville, devient le point nodal qui facilite le contact avec les commerçants ainsi qu’avec leurs clients, et permet de montrer que la ville et la région soutiennent leurs activités.

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