Sur les millions de voix qui ont manqué à Kamala Harris. « Il faut rester prudent : à ce stade, Kamala Harris a perdu des millions de voix, mais le dépouillement est en fait loin d’être terminé. C’est notamment le cas dans les Etats très démocrates de la Côte ouest. Il reste 44 % des bulletins à compter en Californie, 29 % dans l’Etat de Washington, 26 % en Oregon… Ça représente des millions de voix, qui seront très majoritairement démocrates et amélioreront donc le niveau final de Kamala Harris. L’écart en voix avec Donald Trump comme son recul par rapport à Joe Biden en 2020 sera donc plus limité qu’il ne semble à cette heure. Il n’empêche qu’il y a bien un recul démocrate par rapport à 2020. Il se concentre dans certaines catégories de l’électorat : les Latinos (52 % ont voté démocrate, − 13 points par rapport à 2020) et les moins de 25 ans (54 %, − 11), notamment. Dans les autres catégories, le recul est plus limité, entre 2 et 4 points en général ».
Sur le « raz de marée » trumpiste. « Je trouve que le discours consistant à faire de ce scrutin un raz-de-marée ou une vague est très exagéré. Quand le dépouillement sera achevé, Donald Trump devrait avoir au niveau national une avance de 0,5 à 1,5 point sur Kamala Harris – moins que les 4,5 points d’avance de Joe Biden en 2020. Si on se concentre sur les swing states, le plus probable est qu’il obtienne 312 grands électeurs, contre 306 pour Joe Biden il y a quatre ans, ce qui est très proche. Et son avance dans les swing states est certes généralement plus forte que celle de son adversaire démocrate de 2020, mais cela reste assez serré : 49,8 % contre 48,3 % dans le Michigan, 49,6 % contre 48,8 % dans le Wisconsin, 50,4 % contre 48,5 % en Pennsylvanie, 50,7 % contre 48,5 % en Géorgie… C’est une victoire claire, nette, mais je ne vois pas bien comment on peut qualifier ce scrutin de « raz-de-marée », surtout si on se souvient qu’il y a quatre ans, le discours médiatique autour de la victoire de Joe Biden était celui d’un scrutin incroyablement serré. »