le constat d’un défaut de stratégie industrielle européenne

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Des éoliennes implantées près de Salles-Curan (Averon), le 1er juin 2023.

L’Europe peut-elle concilier décarbonation et réindustrialisation ? Un sujet vital pour son avenir. Dans son rapport sur la compétitivité, remis le 9 septembre à la Commission européenne, Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne (BCE), prend la mesure de l’enjeu en consacrant un chapitre entier aux possibilités de lancer ou relancer la fabrication de « technologies propres » (« clean tech ») sur le Vieux Continent – l’appellation inclut ici panneaux solaires, éoliennes, batteries pour véhicules électriques, pompes à chaleur, électrolyseurs pour de l’hydrogène décarboné, mais pas le nucléaire. Et le tableau se révèle plutôt sombre.

L’Europe a beau rester un terrain d’innovation – elle développe plus d’un cinquième de ces technologies dans le monde –, son industrie accuse aujourd’hui un sévère retard lorsqu’il s’agit de les fabriquer et de les commercialiser à grande échelle. L’Union européenne (UE) « dépend de plus en plus des importations pour satisfaire sa demande croissante », résume le rapport.

L’Europe avait pris de l’avance au début des années 2000, mais la Chine l’a désormais largement dépassée. C’est incontestable dans le solaire, pour les modules, cellules et plaquettes de silicium – déjà 75 %, 85 % et 97 % du marché mondial en 2021.

« Absence de stratégie »

Dans certains domaines, la bataille n’est pas encore perdue. L’éolien en mer affiche toujours une balance commerciale positive, même si les parts européennes dans le marché mondial sont passées de 58 % en 2017 à 30 % en 2022. L’Europe dispose aussi d’une avance technologique dans les électrolyseurs, même si la fabrication de ces derniers nécessite au moins 40 matières premières, extraites aujourd’hui quasi intégralement hors d’Europe.

M. Draghi reproche aux Vingt-Sept une « absence de stratégie industrielle ». Notamment par rapport à la Chine, aux Etats-Unis, voire à l’Inde, qui n’ont pas hésité à ériger des « barrières commerciales » protégeant leur industrie nationale. Pékin a par ailleurs recouru à des « subventions massives » – la Commission européenne a ouvert, au printemps, des enquêtes pour concurrence déloyale dans le solaire et l’éolien.

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Celui qui fut aussi président du conseil des ministres italien (2021-2022) propose désormais d’« uniformiser les règles du jeu ». Il relance l’idée d’appliquer en Europe des droits de douane ou autres restrictions. Autre recommandation : introduire un « quota minimum explicite pour la production locale » de certains équipements ou composants, dans les marchés publics des Etats membres. En vigueur depuis le mois de juin, le règlement européen pour une industrie zéro émission nette n’en mentionne pas. Des critères pourraient aussi « orienter la production locale vers les solutions les plus innovantes et durables », ajoute le rapport Draghi.

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