le bilan mitigé des très médiatiques opérations « Place nette »

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Emmanuel Macron lors d’une visite sur la sécurité et la lutte contre le trafic de drogue dans le quartier de la Castellane à Marseille, le 19 mars 2024.

Cent dix-neuf interpellations, 87 gardes à vue, la saisie de 22,5 kilos de cannabis, 938 grammes de cocaïne, 402 745 euros, 13 véhicules, 4 armes… Cette fois, le bilan n’a pas suffi à désamorcer les critiques après la spectaculaire opération « Place nette XXL » qui a mobilisé près de 1 000 policiers à Marseille lundi 18 et mardi 19 mars. Sur place, Emmanuel Macron, flanqué de ses ministres de l’intérieur et de la justice, s’est félicité du succès de l’opération. Mais si l’ensemble de la classe politique souligne la nécessité de lutter contre l’emprise du narcotrafic en France, la méthode ne semble pas faire davantage l’unanimité que la communication organisée autour de l’événement.

« En réalité c’est S, opération small », a ironisé sur France inter Marine Le Pen, patronne du groupe Rassemblement national à l’Assemblée nationale, mercredi 20 mars. Pour le député « insoumis » du Nord Ugo Bernalicis, « cette agitation n’est rien d’autre qu’un pied de nez assumé à l’autorité judiciaire, qui est chargée de la poursuite de l’action pénale, avec un aspect communicationnel lamentable ».

L’exécutif martèle depuis des mois un argumentaire vigoureux d’où sont souvent évacuées les conséquences sanitaires – la France est le deuxième consommateur européen de cannabis et compte 600 000 usagers de cocaïne – et les dimensions sociales du trafic. « C’est bien le problème, raille M. Bernalicis, c’est que les services publics ont fait place nette dans ces quartiers bien avant la police. »

Pessimisme lucide

A Marseille, la présence du ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti, au côté de MM. Macron et Darmanin est surtout apparue comme un rappel à l’ordre des magistrats locaux, dont le pessimisme lucide avait éclaté à l’occasion d’une audition par la commission d’enquête sénatoriale sur le narcotrafic le 6 mars. « Je crains que nous ne soyons en train de perdre la guerre contre les trafiquants », avait estimé Isabelle Couderc, vice-présidente du pôle criminalité organisée de la juridiction interrégionale spécialisée de Marseille. « Je ne saurais pour ma part céder à aucun discours de défaite », a recadré le président de la République depuis le quartier de la Castellane.

Selon le quotidien La Provence, Gérald Darmanin avait toutefois passé commande d’une opération d’envergure lors de son passage à Marseille au mois de janvier, avançant comme un objectif à atteindre le chiffre symbolique de cent interpellations. Message d’autant mieux reçu que le nouveau préfet de police des Bouches-du-Rhône n’est autre que Pierre-Edouard Colliex, en provenance directe du cabinet du ministre où il exerçait les fonctions de conseiller police jusqu’au mois de février. « La seule réponse [au trafic], c’est une réponse concrète, d’interpellations et de résultats », a estimé ce dernier sur BFM-TV au lendemain du « Place nette XXL » marseillais.

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