Laurent Wauquiez annonce la suspension des aides de la région Auvergne-Rhône-Alpes à l’université Lyon-II, qu’il accuse de « dérive islamo-gauchiste »

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Laurent Wauquiez à l’Assemblée nationale, le 14 janvier 2025.

Le candidat à la présidence du parti Les Républicains (LR) Laurent Wauquiez a annoncé, mercredi 7 mai sur CNews/Europe 1, la suspension des subventions de la région Auvergne-Rhône-Alpes à l’université Lyon-II, qu’il accuse de « dérive islamo-gauchiste ».

Le chef de file des députés de LR et ancien patron de la région, devenu conseiller spécial de son successeur, Fabrice Pannekoucke, a expliqué à l’Agence France-Presse (AFP) qu’il demande au ministère de l’enseignement supérieur de mener une « mission d’inspection indépendante ». En attendant, « on suspend toutes les coopérations » avec Lyon-II, a-t-il poursuivi, en affirmant que des repas de rupture du jeûne du ramadan ou des « prières » avaient eu lieu dans l’établissement.

L’université se trouve au cœur d’une intense polémique depuis l’irruption, le 1er avril, d’un groupe de personnes au visage dissimulé lors d’un cours de Fabrice Balanche, spécialiste de l’Irak et de la Syrie, pris à partie par des militants le taxant de « raciste » et de « sioniste », et qui avait quitté la salle. L’incident a suscité une condamnation unanime, et le parquet, saisi par l’université, qui a accordé une protection fonctionnelle à M. Balanche, a ouvert une enquête pour « entrave à l’exercice de la fonction d’enseignant ».

Depuis lors, l’universitaire a multiplié les interviews pour dénoncer « l’islamo-gauchisme » en vigueur selon lui à Lyon-II et reprocher à sa direction un manque de soutien. Dans un entretien à la presse locale, la présidente de Lyon-II, Isabelle von Bueltzingsloewen, a estimé que l’interruption de son cours était « intolérable », mais a dénoncé les « paroles complotistes, délétères pour l’université », de l’enseignant. Elle a ensuite fait l’objet de menaces de mort, qui ont poussé le parquet à ouvrir une deuxième enquête.

Le 29 avril, le parquet a reçu un autre signalement concernant des propos laudateurs sur le mouvement libanais Hezbollah, considéré comme terroriste par Israël ou les Etats-Unis, attribués au vice-président de Lyon-II Willy Beauvallet-Haddad. Une enquête pour « apologie du terrorisme » a été ouverte dans la foulée. M. Beauvallet-Haddad a démissionné lundi de la vice-présidence pour « faire baisser la pression ».

« Surenchère »

Selon la région, le moratoire financier s’établit à « près de 19 millions d’euros » et concerne principalement des paiements de projets immobiliers figurant dans le contrat de plan Etat-Région. Contactée par l’AFP, l’université n’a pas souhaité commenter une décision dont elle dit ne « pas avoir été officiellement informée ».

L’opposition socialiste à la région, par la voix du vice-président du groupe, Johann Cesa, a dénoncé une décision « antirépublicaine », « brutale, sans nuance ». La députée écologiste Marie-Charlotte Garin a jugé sur X que Laurent Wauquiez « inventait le délit d’opinion académique ».

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« Le trumpisme vient de traverser l’Atlantique », a réagi de son côté Jean-Luc Mélenchon, en référence aux initiatives du président américain visant des universités de son pays. La « surenchère » de Laurent Wauquiez face au ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, qu’il affrontera lors d’un congrès de LR les 17 et 18 mai, « vire à la police politique et à l’obscurantisme contre les universités », a ajouté le leader de La France insoumise sur X.

En 2021, la région Auvergne-Rhône-Alpes avait déjà suspendu certains financements accordés à Sciences Po Grenoble, traversé par de vifs débats sur la notion d’islamophobie.

Le Monde avec AFP

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