L’assassinat d’un journaliste kazakh d’opposition à Kiev tend les relations entre l’Ukraine et le Kazakhstan

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Lors des funérailles de l’activiste kazakh Aïdos Sadykov dans la banlieue de Kiev, le 5 juillet 2024.

Quand Aïdos Sadykov, journaliste kazakh d’opposition, a reçu une balle dans la tête, au volant de sa voiture, en plein jour et dans le centre-ville de Kiev, le 18 juin, son épouse, Natalia, était à ses côtés. « On roulait dans la cour de notre immeuble, j’ai vu un homme avec une casquette sombre, des lunettes et une barbe, qui pointait sur nous un pistolet muni d’un silencieux, raconte-t-elle. J’ai crié : “Aïdos, baisse-toi !”, mais, à ce moment-là, une balle a brisé la vitre, côté conducteur, et l’a touché. » Après treize jours de soins intensifs, le journaliste, âgé de 55 ans et père de trois enfants, a succombé à ses blessures le 2 juillet.

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Très vite, les enquêteurs ukrainiens ont identifié deux suspects, deux citoyens kazakhs. Arrivés à Kiev le 2 juin, Meïram Karataïev, 33 ans, et Altaï Jakanbaïev, 36 ans, ont loué deux appartements pour surveiller Aïdos Sadykov avant de l’assassiner sur ordre d’une « personne non identifiée », selon le parquet ukrainien. Les suspects ont ensuite pris la fuite vers la Moldavie.

Dévoilés par des journalistes kazakhs, leurs liens avec les services spéciaux du Kazakhstan alimentent l’hypothèse d’un meurtre commandité depuis le sommet de l’Etat. Selon le média indépendant Respublika, Meïram Karataïev a d’abord travaillé comme agent de la police locale puis dans les forces spéciales dans la région de Kostanaï, avant de poursuivre son service à Almaty. L’autre suspect, Altaï Jakanbaïev, était lié au Comité de sécurité nationale, le principal service de sécurité du pays, selon les journalistes de Radio Azattyk, la branche kazakhe du média américain Radio Free Europe. Après la Moldavie, ce dernier est rentré au Kazakhstan, où il s’est rendu à la police, le 21 juin, tandis que Meïram Kataïev, toujours en fuite, a été placé sur la liste des personnes recherchées par l’Ukraine.

Réfugié politique depuis 2014

Astana nie toute implication et dément les liens des assaillants avec les services de sécurité nationaux. Le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, a réagi dès le lendemain de l’assassinat, assurant que « les organes officiels kazakhs sont prêts à se joindre à l’enquête pour aider à révéler la vérité ». Mais rien ne dit que les deux suspects soient un jour traduits en justice. Si les autorités ukrainiennes sont prêtes à les inculper, Astana ne souhaite pas extrader celui qui s’est rendu, Altaï Jakanbaïev. Le président du Sénat a laissé entendre que son extradition vers l’Ukraine était impossible, « la législation nationale ne le permettant pas en principe ».

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