

Lars Klingbeil a longtemps été surnommé « Teddy Bär », l’« ours en peluche ». Avec sa haute taille, sa carrure imposante, son visage rond et son regard calme, il était la figure rassurante du Parti social-démocrate en Allemagne (SPD), le secrétaire général puis coprésident qui avait contribué à ramener la paix dans une formation politique si souvent déchirée par les luttes intestines et les changements de dirigeants à la fin des années 2010. Mais, depuis les élections législatives de février, d’autres surnoms ont fait leur apparition, comme « Teddy Bär avec des griffes » ou « House of Lars ». Quand il le faut, Lars Klingbeil est capable de manœuvres froides, au service de son ambition.
Il est désormais difficile de ne pas voir le grand sens politique du leader de 47 ans, personnalité-clé du gouvernement allemand. Bien que les sociaux-démocrates aient enregistré leur pire score depuis 1949 (16,4 %), Lars Klingbeil est parvenu, en quelques semaines, à consolider son pouvoir au sein d’un parti défait, éclipsant le très populaire ministre de la défense, Boris Pistorius, de dix-huit ans son aîné, tout en imposant l’agenda du SPD dans l’accord de coalition conclu avec l’Union chrétienne-démocrate (CDU) du chancelier allemand, Friedrich Merz. Devenu vice-chancelier, à la tête du puissant ministère des finances, Lars Klingbeil a présenté, mardi 24 juin, un projet de loi de finances qui entérine un changement de paradigme dans la politique budgétaire allemande, ouvrant la voie à un endettement record – près de 850 milliards d’euros d’ici à la fin de la législature, en 2029 – et une augmentation éclair des crédits alloués à la défense.
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