
Président de l’université Columbia (New York) de 2002 à 2023, Lee Bollinger reste l’une des figures les plus influentes au sein du monde académique américain. Avant d’occuper ce prestigieux poste, il a également présidé l’université du Michigan, de 1996 à 2002, où il a défendu avec succès les programmes de discrimination positive devant la Cour suprême. Il en a découlé une décision, Grutter vs Bollinger, rendue en sa faveur et qui a fait date en 2003 – avant qu’elle soit renversée vingt ans plus tard. Juriste et professeur de droit, Lee Bollinger est en outre un éminent spécialiste du premier amendement de la Constitution américaine. Il revient sur les atteintes à la liberté d’expression par la Maison Blanche et les pressions exercées par Donald Trump sur les universités américaines. Columbia, dont le président républicain a supprimé, le 7 mars, 400 millions de dollars (361 millions d’euros environ) de subventions fédérales, a cédé aux demandes émanant de Washington dans l’espoir de voir cette sanction levée. Face à la controverse suscitée par cette décision, la présidente intérimaire Katrina Armstrong a démissionné, le 28 mars, sept mois après son arrivée.
Pouvez-vous nous redire quelles sont les mesures prises par l’administration Trump contre l’université Columbia ? Qu’est-ce que cela vous inspire ?
L’administration Trump cherche à sanctionner l’université, qui, selon elle, en aurait fait trop peu pour lutter contre l’antisémitisme. Le campus de Columbia a été, il est vrai, un des principaux lieux de la mobilisation étudiante contre Israël après l’invasion de Gaza, lancée en riposte au 7-Octobre. De manifestations en contre-manifestations, de vives tensions ont éclaté à Columbia en 2024, au point que la présidente Nemat Talaat Shafik a démissionné en août. L’administration Trump s’est appuyée sur certains éléments des lois antidiscrimination adoptées dans les années 1960 pour retirer des fonds de recherche alloués à Columbia, soit près de 400 millions de dollars.
Pour tenter d’infléchir cette décision, Columbia s’est d’ores et déjà engagée à mettre en œuvre différentes demandes formulées par Washington. L’université devra revoir sa politique d’admission et placer sous surveillance les départements d’études sur le Moyen-Orient, l’Afrique et l’Asie du Sud, en nommant un vice-doyen chargé de superviser les programmes, les recrutements et les cours. La présidence de l’université devra également bénéficier de pouvoirs disciplinaires plus étendus. D’autres demandes ont encore été faites par l’administration Trump.
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