L’administration Trump demande à la Cour suprême de pouvoir révoquer la protection d’immigrés vénézuéliens

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Une manifestation pour la protection des migrants vénézuéliens aux Etats-Unis, à Miami (Floride), le 13 février 2025.

L’administration Trump a demandé, jeudi 1er mai, à la Cour suprême des Etats-Unis de l’autoriser à révoquer le statut de protection temporaire (TPS) qui lui interdit d’expulser quelque 350 000 Vénézuéliens.

La ministre de la sécurité intérieure, Kristi Noem, avait annulé une prolongation de dix-huit mois de ce statut pour les ressortissants du Venezuela, décidée par son prédécesseur démocrate, Alejandro Mayorkas, et qui devait entrer en vigueur début avril. Mais un juge fédéral de Californie avait suspendu cette décision, le 31 mars, soulignant le risque de « préjudice irréparable pour des centaines de milliers de personnes » et déplorant le « racisme » exprimé par l’assimilation de l’ensemble des bénéficiaires du TPS à des criminels.

Dans son recours à la Cour suprême, à majorité conservatrice, l’administration Trump dénonce « un cas typique de l’accaparement par un juge de prérogatives essentielles du pouvoir exécutif ».

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Le TPS protège d’une expulsion et octroie un droit de travail. Ce statut est accordé aux immigrés dont la sécurité n’est pas assurée s’ils rentrent dans leur pays en raison de conflits, de catastrophes naturelles ou d’autres conditions « extraordinaires ». Il a largement été accordé aux Vénézuéliens sous la présidence du prédécesseur démocrate de Donald Trump, Joe Biden, car Washington considère le Venezuela de Nicolas Maduro comme un régime autoritaire.

Le recours à une loi d’exception pour des expulsions retoqué

La requête de l’administration Trump présenté à la Cour suprême des Etats-Unis sur le TPS survient alors qu’au Texas, un juge fédéral, Fernando Rodriguez, a considéré, jeudi, que le recours par Donald Trump à une loi d’exception pour expulser des immigrés était « illicite » et a, en conséquence, interdit toute expulsion dans sa juridiction sur ce fondement.

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Plusieurs tribunaux et cours d’appel fédéraux ainsi que la Cour suprême ont déjà bloqué provisoirement le recours à la loi de 1798 sur « les ennemis étrangers » jusqu’alors utilisée exclusivement en temps de guerre, au motif que les personnes expulsées devaient pouvoir faire valoir leurs droits. Mais la décision du juge Fernando Rodriguez, dans le district sud du Texas, est la première portant sur le fond, à savoir la légalité du recours à ce texte.

Donald Trump a invoqué cette loi dans une déclaration présidentielle publiée le 15 mars à l’encontre du gang vénézuélien Tren de Aragua, déclaré organisation « terroriste » par Washington, le jour même de l’expulsion vers le Salvador de quelque 250 personnes, en grande majorité des Vénézuéliens accusés d’appartenir à ce gang. Plus de la moitié l’ont été en vertu de la loi de 1798. Au total, quelque 300 immigrés ont été expulsés vers le Salvador où ils ont été incarcérés dans une prison de haute sécurité connue pour la dureté de ses conditions de détention.

« Permettre au président [Trump] de définir unilatéralement les conditions auxquelles il peut invoquer la loi sur les ennemis étrangers puis proclamer arbitrairement que ces conditions existent lèverait toutes les limites à l’autorité du pouvoir exécutif en vertu de cette loi », affirme le juge dans sa décision. Après une comparaison sémantique de la loi et de la déclaration présidentielle visant Tren de Aragua, le magistrat a conclu que l’invocation « dépasse le champ de la loi sur les ennemis étrangers et est donc illicite ». Il interdit donc au gouvernement américain de détenir des ressortissants vénézuéliens, de les déplacer à l’intérieur des Etats-Unis ou de les en expulser sur la seule base de cette loi.

La décision s’applique dans sa juridiction, le district sud du Texas qui couvre notamment les villes de Houston et de Brownsville, à la frontière avec le Mexique.

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Un avocat de l’influente organisation de défense des droits civiques ACLU, Lee Gelernt, qui défend les plaignants dans cette procédure, a salué dans un communiqué « une décision d’importance vitale ». « Le Congrès n’a jamais voulu que cette loi de temps de guerre du XVIIIe siècle soit utilisée de cette manière », a-t-il affirmé.

Le Monde avec AFP

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