La Syrie au cœur de la stratégie d’Israël pour empêcher la reconstitution de l’arsenal du Hezbollah

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Un pont endommagé par une frappe israélienne près du village syrien de Tall Al-Nabi Mando, le 28 octobre 2024.

La Syrie a été, durant les deux mois qu’a duré la guerre au Liban, une extension du front ouvert par Israël contre le Hezbollah. L’armée israélienne y a intensifié ses frappes contre les cadres du Parti de Dieu, ses entrepôts de munitions et les routes de contrebande, afin de l’empêcher d’envoyer armes et renforts au Liban. Dans l’accord de cessez-le-feu, décrété le 27 novembre entre Israël et le Liban, la Syrie conserve un rôle pivot.

Alors que l’armée israélienne estime avoir détruit environ les trois quarts du stock de roquettes de moyenne et courte portée du Hezbollah, ainsi qu’une partie importante de ses missiles, l’enjeu est désormais d’empêcher la formation chiite de reconstituer son arsenal, avec l’aide de l’Iran. Selon les termes de l’accord, le Liban s’est engagé à renforcer le contrôle aux frontières pour empêcher l’entrée d’armes illégales. Dans le cas où l’armée libanaise échouerait à remplir ses obligations, Israël a obtenu des Américains le droit d’agir, dans une lettre de garanties signée en marge de l’accord.

L’enracinement du Hezbollah en Syrie est une source de préoccupation pour les Israéliens depuis l’éclatement, en mars 2011, d’un mouvement de contestation qui s’est transformé en insurrection armée. Le pouvoir du président Bachar Al-Assad n’a tenu bon – au prix de la destruction d’une grande partie de son propre pays – qu’en raison de l’aide de ses trois alliés : l’Iran, le Hezbollah et la Russie.

« Frappes chirurgicales offensives »

Israël, inquiet de voir le mouvement armé libanais développer avec l’appui logistique de l’Iran une plate-forme pour faire passer du matériel militaire et des hommes vers ses bastions libanais, frappe, depuis, librement ses ennemis en Syrie. De frappes occasionnelles, les raids israéliens contre le Hezbollah en Syrie sont passés à un niveau supérieur après que le parti chiite a ouvert un « front de soutien » au Hamas palestinien, le 8 octobre 2023, au lendemain de l’attaque meurtrière du 7-Octobre.

L’Observatoire syrien des droits humains (OSDH) a répertorié 150 frappes israéliennes en Syrie depuis janvier 2024. Depuis un an, de nombreux hauts responsables du Hezbollah et des gardiens de la révolution iraniens ont été tués par Israël en territoire syrien. Fin septembre, lors du passage à la guerre ouverte au Liban, les frappes en Syrie se sont encore multipliées. « Il y a eu beaucoup plus de convois qui se sont mis à circuler en Syrie pour acheminer des armes vers le Liban. Cela constituait autant de cibles, pour couper le ravitaillement. Cela ne va pas prendre fin avec le cessez-le-feu, même s’il y aura sans doute une baisse d’intensité », précise une source diplomatique.

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