

En route pour l’astéroïde Dimorphos, la sonde Hera a effectué un survol rapproché de Mars, capturant de rares images de sa lune Deimos, a annoncé jeudi 13 mars l’Agence spatiale européenne (ESA). Lancée en octobre, Hera n’atteindra son objectif final – situé à 11 millions de kilomètres de la Terre, dans la ceinture d’astéroïdes située entre Mars et Jupiter – que fin 2026. En attendant, elle a frôlé la Planète rouge, mercredi, pour bénéficier d’une assistance gravitationnelle.
En utilisant la gravité de la planète, « nous avons donné un coup d’accélération à la sonde, modifiant ainsi sa trajectoire tout en économisant beaucoup de carburant », a expliqué Pablo Munoz, analyste de la mission, lors d’une conférence de presse.
La sonde s’est approchée jusqu’à 5 600 kilomètres de la surface martienne à la vitesse vertigineuse de 33 480 kilomètres à l’heure pendant environ soixante minutes. Ce qui lui a aussi permis de tester ses instruments. Et notamment de prendre quelque 600 photos, dont de rares images de la face opposée à Mars d’une de ses deux lunes, Deimos. Le petit satellite aux formes irrégulières, d’environ 12,5 kilomètres de diamètre, y apparaît sombre, contrastant fortement avec l’apparence de sa planète.
L’origine des lunes martiennes
L’origine des lunes martiennes, Deimos et Phobos, reste sujet à débat. Certains scientifiques avancent qu’il s’agit d’astéroïdes capturés, « mais c’est difficile à expliquer d’un point de vue dynamique », a rappelé Stephan Ulamec du centre aérospatial allemand. D’autres pensent qu’elles proviennent d’un impact massif, « mais cela ne concorde pas non plus avec les spectres observés ».
Avant le lancement de missions spécifiques pour les étudier, les images prises par Hera vont permettre d’« ajouter une nouvelle pièce au puzzle », selon Marcel Popescu, de l’université de Craiova, en Roumanie. En particulier celles prises grâce à l’imageur infrarouge Tiri et à Hyperscout, un spectrographe dans le proche infrarouge – ce qui explique que Mars y apparaisse bleue. Elles vont permettre de mieux connaître les propriétés thermophysiques et la composition de Deimos… avant de percer les mystères de Dimorphos.
Etudier les mystères de l’astéroïde Dimorphos
HERA a pour mission finale d’étudier ce petit astéroïde, percuté délibérément en 2022 par un vaisseau de la NASA pour dévier sa trajectoire. La sonde observera les conséquences de l’impact, qui a réduit de trente-trois minutes l’orbite de ce corps de 160 mètres de diamètre qui forme un système binaire avec un astéroïde plus grand baptisé Didymos.
L’objectif est d’évaluer si une telle technique serait efficace à l’avenir pour dévier un astéroïde qui menacerait de frapper la Terre. Face à ce risque naturel, les agences spatiales travaillent à la mise en place d’un système de « défense planétaire », dont un des autres aspects est un suivi mondial, coordonné pour détecter au plus tôt les astéroïdes possiblement dangereux.
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C’est ce qui s’est passé en décembre dernier avec la découverte d’YR4, dont la probabilité de collision avec la Terre en 2032 a brièvement atteint 3,1 % avant de retomber à zéro.
« C’est un schéma que nous verrons de plus en plus souvent à l’avenir », a averti Richard Moissl, chef du bureau de défense planétaire de l’ESA. « Avec l’augmentation des relevés, nous découvrirons plus d’astéroïdes », ce qui entraînera plus de cas dans lesquels la probabilité d’impact grimpera, avant de retomber à zéro avec des observations plus précises.
L’ESA développe une deuxième mission de défense planétaire afin d’observer Apophis, un astéroïde de 350 mètres de diamètre, qui passera à seulement 32 000 kilomètres de la Terre le 13 avril 2029 et sera alors visible à l’œil nu.
Sous réserve d’approbation par le conseil ministériel de l’ESA, Ramses devrait décoller en 2028 pour rejoindre l’astéroïde deux mois avant son approche de la Terre et observer les effets qu’exerce sur lui l’attraction terrestre.