La sécurité régionale, principal enjeu de la rencontre entre Donald Trump et Ahmed Al-Charaa à la Maison Blanche

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Ahmed Al-Charaa (à droite) et son ministre des affaires étrangères, Assad Hassan Al-Chibani, à Washington, le 9 novembre 2025

Donald Trump reçoit, lundi 10 novembre à la Maison Blanche, le président de transition syrien, Ahmed Al-Charaa, qui, en moins d’un an au pouvoir, a sorti son pays de l’isolement. Cette visite intervient six mois après que Donald Trump et Ahmed Al-Charaa se sont rencontrés pour la première fois, en mai en Arabie saoudite, où le président américain effectuait un déplacement dans le cadre d’une tournée régionale et avait annoncé à cette occasion sa volonté de lever les sanctions américaines visant la Syrie.

Ahmed Al-Charaa est arrivé à Washington, samedi, avec son ministre des affaires étrangères, Assad Hassan Al-Chibani. Depuis sa prise du pouvoir, en décembre 2024, la Syrie s’est repositionnée sur le plan régional, s’éloignant des principaux alliés de Bachar Al-Assad – l’Iran et la Russie – pour se rapprocher de la Turquie, des pays du Golfe et des Etats-Unis.

Cette visite marque un tournant diplomatique pour la Syrie, elle est la première pour un chef d’Etat syrien depuis l’indépendance du pays, en 1946, et une consécration pour l’ancien djihadiste. Le nouveau pouvoir syrien devrait signer un accord pour rejoindre la coalition internationale antidjihadiste menée par les Etats-Unis, selon l’émissaire américain pour la Syrie, Tom Barrack. Alors que la majorité des troupes américaines est basée dans les zones sous contrôle kurde, l’ouverture d’une base à l’aéroport militaire de Mazzeh, près de la capitale, changerait la donne.

M. Trump et M. Al-Charaa devraient également évoquer les négociations entamées par les autorités syriennes avec Israël pour un accord de sécurité en vertu duquel l’Etat hébreu se retirerait des zones du sud du pays occupées après la chute de Bachar Al-Assad. Lors de leur rencontre, en mai, Donald Trump avait pressé son homologue syrien de rejoindre les accords d’Abraham, qui ont vu plusieurs pays arabes reconnaître Israël en 2020.

Les ouvertures d’Ahmed Al-Charaa récompensées

Depuis sa prise de pouvoir, M. Al-Charaa a rompu avec son passé, multipliant les ouvertures vers l’Occident et les Etats de la région, dont Israël, avec lequel son pays est théoriquement en guerre. Des violences sectaires ont cependant secoué la Syrie depuis la chute de Bachar Al-Assad, avec des affrontements qui ont fait plus de 2 500 morts, ravivant les douleurs de la guerre civile et jetant un doute sur la capacité des nouveaux dirigeants à gouverner pour tous les Syriens.

Vendredi, les Etats-Unis ont retiré le dirigeant syrien de la liste noire des terroristes. Depuis 2017 et jusqu’à décembre dernier, le FBI offrait une récompense de 10 millions de dollars pour toute information menant à l’arrestation du leader de l’ancienne branche locale d’Al-Qaïda, le groupe Hayat Tahrir Al-Cham (HTC). Jeudi, c’est le Conseil de sécurité de l’ONU qui avait levé les sanctions contre M. Al-Charaa, à l’initiative des Etats-Unis, saluant l’engagement des autorités syriennes à « lutter contre le terrorisme ».

Dimanche, il a rencontré la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, et discuté « des potentiels domaines de coopération entre la Syrie et le FMI afin de soutenir le développement et la croissance économique dans le pays », selon la présidence syrienne. Après treize ans de guerre civile, la Syrie cherche en effet à garantir des fonds pour sa reconstruction, dont le coût pourrait dépasser 216 milliards de dollars, selon la Banque mondiale.

Le Monde avec AFP

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