L’année 2024 ne commence pas au mieux pour Moscou au sein des organismes des Nations unies : en l’espace de deux mois, la Russie s’est fait évincer de cinq d’entre eux, après avoir perdu les récentes élections qui s’y sont tenues. Ces résultats démentent l’impression qui a régné en 2023 au siège de l’organisation, à New York, d’une amorce d’un retour en grâce de la Russie de Vladimir Poutine, avec le soutien des pays du Sud global.
Ces échecs sont aussi le résultat de la guerre de l’ombre menée par Kiev qui, avec des alliés d’Europe orientale et la bénédiction de Washington, Londres et Paris, a contribué à chasser la Russie des institutions multilatérales onusiennes.
En 2022, durant les mois qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine par la Russie, cette dernière a fait profil bas dans les institutions onusiennes. Mais le pays pensait faire son retour en 2023, pariant sur la lassitude des pays du Sud global par rapport à l’omniprésence de la guerre en Ukraine, sur leur complaisance à l’égard de Moscou, puis sur le détournement de l’attention mondiale vers la guerre entre Israël et le Hamas.
Entre octobre et décembre, la Russie a pourtant échoué à revenir au Conseil des droits de l’homme, et a perdu les sièges qu’elle détenait au Conseil exécutif de l’Unesco, à l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) et à l’Organisation maritime internationale (OMI) ; elle a aussi perdu son juge à la Cour internationale de justice.
Siège de juge perdu
« Il était primordial de conserver l’esprit de 2022 intact et de maintenir une Russie isolée », a confié au Monde l’ambassadeur ukrainien à l’ONU, Sergiy Kyslytsya. La représentation russe auprès des Nations unies n’a pas souhaité répondre à nos questions.
La première bataille a été livrée à Genève, où siègent les quarante-sept membres du Conseil des droits de l’homme. La Russie avait été expulsée de cette instance dès avril 2022 – une décision inédite qui montrait la désapprobation de la communauté internationale, démunie contre ce membre permanent tout-puissant grâce à son veto au Conseil de sécurité.
Dix-huit mois plus tard, Moscou pensait avoir des atouts pour tenter un retour et briguer un nouveau mandat de deux ans. Le 10 octobre, la Russie s’est pourtant inclinée face à l’Albanie et à la Bulgarie, qui ont raflé les deux sièges disponibles au sein du groupe Europe orientale. « Ce vote étant un scrutin secret, cela a permis aux Etats de voter sans être sujets aux pressions des candidats », relève un observateur à Genève.
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