Les PFAS, connues sous le nom de « polluants éternels », ont surgi sur le devant de l’actualité depuis que l’ampleur de la contamination a été révélée en février 2023 par une enquête du Monde. Ces « molécules miracles » utilisées à tour de bras après la seconde guerre mondiale se retrouvent entre autres dans les emballages alimentaires, les cosmétiques, les mousses anti-incendie ou encore dans certains dispositifs médicaux. Outre leur toxicité avérée – ils interfèrent notamment avec les systèmes endocrinien et immunitaire, et certains sont déjà classés comme cancérogènes par le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) –, ces composés synthétiques ont en commun d’être persistants dans l’environnement.
Et pour cause, ils sont principalement constitués d’atomes de carbone et de fluor, dont la liaison chimique est quasiment indestructible. « La liaison carbone-fluor est la liaison simple la plus stable de la chimie organique, rappelle Marie-Pierre Krafft, physico-chimiste directrice de recherche CNRS à l’Institut Charles-Sadron (université de Strasbourg). Ceci est dû aux propriétés électroniques uniques du fluor, qui est l’élément le plus électronégatif. »
Nettoyer de ces PFAS (substances per- et polyfluoroalkylées) les terres, l’eau ou les déchets industriels contaminés est ainsi devenu en quelques années un défi majeur auquel s’attaquent des chercheurs de disciplines scientifiques très variées. Avant même de se poser la question du financement de la dépollution, l’enjeu est de trouver une voie, ou plutôt des voies, pour résoudre ce casse-tête chimique. Pour casser cette liaison, « on doit recourir à des techniques beaucoup plus intensives que pour les autres polluants, dans des conditions bien plus extrêmes – à températures très élevées ou avec des concentrations importantes d’additifs – et effectuer des cycles successifs », résume Stéfan Colombano, ingénieur-chercheur au Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
Les PFAS captées dans les sites industriels, les décharges ou les sites d’intervention des pompiers sont le plus souvent enfouies ou brûlées dans des incinérateurs de déchets dangereux. Cette dernière solution ne nécessite pas d’installation spéciale mais est très énergivore – les températures atteignant les 1 800 degrés – et polluante, car les cendres et les gaz émis dans l’environnement sont toxiques. D’autres méthodes de destruction des PFAS arrivent à maturité, comme l’oxydation électrochimique, qui consiste à produire un courant électrique dans un liquide conducteur afin de créer des agents oxydants capables de casser certaines liaisons carbone-fluor. Mais là aussi, la consommation énergétique est élevée et des sous-produits toxiques sont formés.
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