« La qualité des relations géopolitiques avec les grandes économies a un impact très important sur la croissance »

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Le roi est nu. L’utilisation de la puissance économique à des fins géopolitiques, et de la puissance géopolitique à des fins économiques, est désormais une stratégie ouverte et assumée. L’étude de cette relation à double sens (la « géo-économie ») fait son grand retour dans la discipline économique. Alors que le prix Nobel vient de récompenser les recherches sur les moteurs de la croissance économique, la récente étude de Tianyu Fan, un doctorant de l’université Yale (« The Geopolitical Determinants of Economic Growth, 1960-2024 », « les facteurs géopolitiques de la croissance économique », Yale Mimeo, non traduit), montre que les facteurs géopolitiques sont un déterminant majeur de croissance, un fait que les économistes avaient jusqu’alors sous-estimé.

Entre 1960 et 2024, estime l’étude, le degré d’alignement géopolitique avec les puissances importantes explique des variations de produit intérieur brut (PIB) comprises entre – 30 % et + 30 % entre les pays. Par exemple, la normalisation des relations internationales après la fin de l’apartheid a contribué, à hauteur de 70 %, à la croissance de long terme de l’Afrique du Sud.

La difficulté principale de la quantification du rôle des facteurs géopolitique dans la croissance résidait auparavant dans un problème de mesure. Les chercheurs utilisaient principalement le vote d’un pays à l’Assemblée générale des Nations unies comme mesure de son alignement. Mais cette mesure est hautement imparfaite. D’abord, des pays entretenant de piètres relations bilatérales peuvent voter ensemble une résolution sur un pays tiers ; ensuite, les pays votent souvent par bloc régional ou considérations stratégiques ; enfin, le nombre de votes est limité, offrant peu de variabilité temporelle.

Trois époques distinctes

Le jeune chercheur a choisi une approche tout autre. Avec l’aide de l’intelligence artificielle, associée aux moteurs de recherche, il a passé au peigne fin toutes les archives en ligne des médias, des gouvernements et des publications académiques. Il a bâti une base de données détaillée et granulaire reflétant, pour chaque pays, la qualité de ses relations bilatérales avec chacun des 192 autres membres de l’Organisation des Nations unies (ONU) entre 1960 et 2024.

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