Claudine Gay, présidente de l’université de Harvard, a annoncé sa démission, mardi 2 janvier, à la suite d’accusations de plagiat et, surtout, de critiques concernant son témoignage lors d’une audition au Congrès, au cours de laquelle elle n’a pas été en mesure d’affirmer sans équivoque que les appels au génocide des juifs lancés sur le campus constitueraient une violation de la politique de conduite de l’établissement.
Mme Gay a annoncé son départ, survenu quelques mois seulement après son entrée en fonction, dans une lettre adressée à la communauté de Harvard. « Il est devenu clair qu’il est dans le meilleur intérêt de Harvard que je démissionne afin que notre communauté puisse traverser cette période de défi extraordinaire en se concentrant sur l’institution plutôt que sur n’importe quel individu, a-t-elle déclaré dans un communiqué envoyé mardi. Il a été pénible de voir douter de mon engagement à lutter contre la haine et à faire respecter la rigueur scientifique – deux valeurs fondamentales qui sont fondamentales pour qui je suis – et effrayant d’être soumis à des attaques personnelles et à des menaces alimentées par l’animosité raciale. »
Elle a appelé la communauté de Harvard à « lutter contre les préjugés et la haine sous toutes ses formes, créer un environnement d’apprentissage dans lequel [soit respectée] la dignité de chacun, et affirmer [leur] engagement durable en faveur d’une enquête ouverte et de la libre expression dans la recherche de la vérité. »
« Vous devriez démissionner »
Les présidents de Harvard, du MIT et de l’université de Pennsylvanie ont été critiqués en décembre pour leurs réponses juridiques à une série de questions posées par Elise Stefanik, représentante de l’Etat de New York, qui demandait si « l’appel au génocide des juifs » violait le code de conduite des établissements. Les trois présidents avaient été convoqués devant la commission de l’éducation et du travail de la Chambre des représentants, dirigée par les républicains, pour répondre aux accusations selon lesquelles les universités ne protégeaient pas les étudiants juifs, dans un contexte de craintes croissantes d’antisémitisme dans le monde entier depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
Claudine Gay a alors répondu : « Cela peut, en fonction du contexte », avant d’ajouter : « Si c’est dirigé contre une personne. » Elle a précisé : « Quand une rhétorique antisémite se transforme en un comportement relevant de l’intimidation et du harcèlement (…), nous prenons des mesures. » « Cela ne dépend pas du contexte, la réponse est oui et c’est pourquoi vous devriez démissionner », lui a lancé à la fin de l’échange l’élue républicaine.
Mme Gay s’est ensuite excusée, déclarant au journal étudiant The Crimson qu’elle s’était laissée entraîner dans un échange houleux lors de l’audition de la commission parlementaire et qu’elle n’avait pas dénoncé correctement les menaces de violence à l’encontre des étudiants juifs. « Ce que j’aurais dû avoir la présence d’esprit de faire à ce moment-là, c’est de revenir à la vérité qui me guide, à savoir que les appels à la violence contre notre communauté juive – les menaces contre nos étudiants juifs – n’ont pas leur place à Harvard et qu’ils ne resteront jamais sans réponse », avait-elle déclaré.
Cet épisode a entaché le début du mandat de Mme Gay à Harvard – elle est devenue présidente en juillet – et a semé la discorde sur le campus. La commission parlementaire a annoncé qu’elle enquêterait sur les politiques et les procédures disciplinaires en vigueur à Harvard, au MIT et à Penn. Des enquêtes fédérales distinctes sur les droits civils ont déjà été ouvertes à Harvard, à Penn et dans plusieurs autres universités à la suite de plaintes déposées auprès du ministère de l’éducation américain.
Claudine Gay est également accusée, notamment par des médias conservateurs, de plagiat sur certains travaux académiques.