La présence de troupes nord-coréennes aux côtés de la Russie illustre les nouvelles ambitions globales de Pyongyang

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Le sénateur démocrate Richard Blumenthal, brandissant une image de la rencontre du président russe, Vladimir Poutine, avec son homologue nord-coréen, Kim Jong-un, au Capitole, à Washington, le 20 juin 2024.

La ratification à l’unanimité par la Douma, la chambre basse du Parlement russe, jeudi 24 octobre, du « partenariat stratégique » entre Moscou et Pyongyang, qui prévoit une assistance mutuelle « en cas d’agression » de l’une ou de l’autre partie, « légitime » la présence en Russie de milliers de soldats nord-coréens. Leur présence, confirmée par les Etats-Unis et l’OTAN, est toujours niée catégoriquement par la République populaire démocratique de Corée (RPDC, nom officiel de la Corée du Nord) et plus mollement par la Russie. Avec en arrière-plan l’inconnue du résultat de l’élection présidentielle américaine, la présence d’unités d’élite nord-coréennes sur le front ukrainien internationalise ouvertement le conflit.

Selon les sources occidentales, 3 000 soldats nord-coréens seraient à l’entraînement dans différents sites en Russie. Les services de renseignement sud-coréens avancent que plus de 10 000 devraient être déployés dans les prochaines semaines sur le front ukrainien, faisant craindre une escalade. Par la présence de ses troupes à 7 000 kilomètres de leurs bases, la RPDC tend à devenir un acteur à part entière sur la scène internationale. Cette évolution de son positionnement va inciter l’Europe, en particulier, à modifier sa perception du pays, considéré comme un risque géographiquement éloigné qui n’a jamais été parmi ses priorités.

Le déploiement de troupes nord-coréennes sur le front ukrainien pourrait conduire la Corée du Sud à augmenter ses livraisons d’armes non seulement défensives, mais aussi offensives à l’Ukraine. Jusqu’à présent, Séoul a fourni officiellement à Kiev des équipements militaires non létaux tels que du matériel de déminage (ses livraisons d’armements offensifs transitant par des pays tiers). Séoul envisage de dépêcher en Ukraine des agents du renseignement militaire pour observer les tactiques de combat des troupes nord-coréennes et prendre part aux interrogatoires de prisonniers.

« Baptême du feu »

Dans le cas de la RPDC, le déploiement de troupes sur le front ukrainien pour soutenir son allié russe est l’élément le plus tangible de repositionnement stratégique. Depuis la guerre de Corée, l’armée nord-coréenne (1,2 million d’hommes) n’a participé à aucun conflit d’ampleur. Contrairement à la Corée du Sud, qui déploya des troupes (320 000 hommes) au Vietnam du Sud en appui des forces américaines – dont la Tiger Division, de sinistre mémoire, qui était chargée de « nettoyer le terrain » à la suite de bombardements américains au napalm –, la RPDC n’avait envoyé que des aviateurs au Vietnam du Nord, pas de troupes au sol. Elle fit de même en Egypte lors de la guerre du Kippour (1 973). Elle dépêche en revanche des techniciens militaires dans les pays auxquels elle vend des armements pour en expliquer le fonctionnement. Pour les troupes déployées sur le front ukrainien, ce sera un « baptême du feu » et l’occasion de faire l’expérience directe d’une guerre moderne.

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