la position ambiguë des évêques de France

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Après la controverse internationale, place au débat national. La polémique née après la publication, le 18 décembre 2023, de la déclaration « Fiducia supplicans » – dans laquelle le Vatican autorise la bénédiction des couples de catholiques en « situation irrégulière », c’est-à-dire les divorcés remariés et les couples de même sexe –, s’étend désormais dans l’Hexagone. La Conférence des évêques de France (CEF) a publié, mercredi 10 janvier, un communiqué pour délivrer son interprétation, après plusieurs prises de position divergentes à l’intérieur même du clergé français.

« La déclaration du dicastère pour la doctrine de la foi a eu un retentissement certain dans l’opinion publique, en particulier à cause des sujets sensibles qu’elle aborde : celui de l’accompagnement dans l’Eglise des personnes homosexuelles vivant en couple d’une part et celui des personnes divorcées engagées dans une vie de couple d’autre part », justifie la CEF.

Les représentants des évêques français disent recevoir cette déclaration « comme un encouragement à bénir généreusement les personnes qui s’adressent [aux prêtres] en demandant humblement l’aide de Dieu », sans distinction quant à leur sexualité ou à leur situation. Tout en rappelant que le mariage désigne « l’union exclusive, stable et indissoluble, entre un homme et une femme », le communiqué français prône « l’accueil inconditionnel » de tous : « Ceux qui ne vivent pas dans une situation leur permettant de s’engager dans le sacrement de mariage ne sont exclus ni de l’Amour de Dieu, ni de son Eglise. »

Position de compromis

De telles déclarations sont-elles à même de clarifier la position attendue du clergé face aux fidèles demandant une bénédiction ? Rien n’est moins sûr, à en croire les réactions suscitées. « L’Eglise de France ne valide pas la bénédiction des couples homosexuels », titrait par exemple Le Figaro, au lendemain du communiqué. Le même jour, un éditorial de La Croix affichait un titre opposé : « Bénédiction des couples homosexuels : le “oui” des évêques ».

Par cette courte mise au point, la Conférence des évêques de France tente en réalité d’adopter une position de compromis entre les opposants et les soutiens à « Fiducia supplicans ». S’ils se placent sous l’autorité du document romain, les évêques français se gardent de le reprendre intégralement à leur compte : alors que le Vatican invite à envisager « la possibilité de bénir les couples » jugés irréguliers, les évêques français se contentent d’appeler à une bénédiction des « personnes ».

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