« La politique étrangère et de sécurité européenne est dans un état de désolation »

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Un court déplacement au lieu de la visite d’Etat prévue, une réunion à quatre à la chancellerie de Berlin au lieu d’une conférence à Ramstein qui était censée coordonner l’aide future à l’Ukraine en présence de 50 Etats participants, dont de nombreux chefs d’Etat et de gouvernement : l’ouragan Milton, survenu le 9 octobre en Floride, a empêché le président américain Joe Biden d’honorer les rendez-vous prévus en Allemagne, déstabilisant l’ensemble de la scène politique européenne.

Il n’y a pas d’autre façon de décrire ces événements. Pire encore : ce qu’il s’est passé – ou plus précisément ce qui n’a pas eu lieu – en Allemagne illustre l’état de désolation de la politique étrangère et de sécurité européenne à une période pourtant critique.

Pourquoi était-il nécessaire d’annuler le sommet de Ramstein ? Au seul motif que le chef d’Etat américain ne pouvait pas être présent ? Les Européens ne sont-ils pas suffisamment forts pour que se tienne une conférence sans la participation du président américain, ou, à tout le moins, en présence du secrétaire d’Etat ou du secrétaire à la défense des Etats-Unis ? Comme le démontre le pacte de défense tout juste conclu, en octobre, entre l’Allemagne et le Royaume-Uni, lorsque la volonté est là, des mesures peuvent être prises.

Tergiversations et calculs

L’Europe a cependant besoin d’autre chose que de ces accords bilatéraux étroitement ciblés, aussi positifs soient-ils. Et cela pour une raison évidente : l’Ukraine attend désespérément plus d’aide. Le troisième hiver de la guerre déclenchée par le président russe, Vladimir Poutine, en février 2022 approche à grands pas, et la situation du pays se détériore chaque semaine.

L’Ukraine obtiendra « toute l’aide dont elle a besoin, aussi longtemps qu’il le faudra » : tel est le refrain habituel entendu dans la plupart des capitales européennes, notamment de la part du gouvernement allemand, depuis maintenant deux ans et demi. Or, elle aura beau être répétée encore et encore, cette affirmation ne correspond tout simplement pas à la réalité.

L’histoire de l’aide à l’Ukraine est faite de tergiversations et d’hésitations constantes, de calculs et de stratégies de temporisation. Et lorsque plus rien ne fonctionne, on fait appel au président américain pour dénouer l’impasse politique. Seulement voilà : Joe Biden a consacré une grande partie de cette année (avant son retrait de la course présidentielle) à sa campagne électorale, et il fait désormais sa tournée d’adieu. Un nouveau chef d’Etat sera élu le 5 novembre, et s’il se nomme Donald Trump, il n’y aura, pour les Européens, plus aucun prétexte derrière lequel se cacher. L’annulation du sommet de Ramstein constituait pour l’Europe l’occasion parfaite de prendre enfin les devants.

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