A Rebergues, petit village du Pas-de-Calais, « le village se rajeunit… mais il y a comme un malaise »
Rebergues, village audomarois de 450 habitants, à mi-chemin entre Boulogne-sur-mer et Saint-Omer. A 10 h 30, 50 votants sur 269 inscrits avaient déjà mis leur bulletin dans l’urne. « La participation sera meilleure qu’aux dernières élections » prédit Joël, assesseur et ancien maire de la commune. Ici, en 2019, la tête de liste du Rassemblement national (RN), Jordan Bardella, avait empoché 58 % des voix. « C’est beau, c’est calme, le village se rajeunit… mais il y a comme un malaise », résume Magali Taufour, conseillère municipale, « les gens disent qu’ils en ont marre de travailler pour les autres, qu’il y a trop d’assistanat ».
Au sortir du bureau de vote, Jacques et Cathy, jeunes retraités. « Déçus de la gauche », « plutôt écolos », ils ont voté cette fois pour le parti animaliste, « eux, on est sûr de ce qu’ils défendent ». Comment expliquent-ils que leur village, fief d’une droite traditionnelle, choisisse désormais le RN ? « On monte la tête des personnes âgées avec des histoires de migrants qui violent les femmes. »
Aux européennes de 2019, dans le Pas-de-Calais, on l’oublie parfois, ce n’est pas dans le bassin minier que le RN avait réalisé ses meilleurs scores. Mais ici, dans la campagne audomaroise et dans le Ternois, entre Arras et Bapaume. Il y a cinq ans, les deux tiers des communes ayant voté à plus de 50 % pour le RN comptaient moins de 1 000 habitants.