« Passer d’une culture du silence à une culture de l’accompagnement » des enfants victimes de violences sexuelles. Six mois après leur nomination, c’est le vœu formulé par les nouveaux codirecteurs de la commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants (Ciivise), dont la mission est d’orienter les politiques publiques.
Plusieurs axes de travail ont été présentés, vendredi 4 octobre, lors d’un colloque de rentrée au ministère de la santé, auquel participait la nouvelle ministre déléguée à la famille et de la petite enfance, Agnès Canayer. La situation des enfants porteurs de handicap, celle des violences sexuelles en outre-mer, et le phénomène de la cybercriminalité font partie des nouvelles pistes à explorer.
Coprésidée de sa création en mars 2021 à fin 2023 par la travailleuse sociale Nathalie Mathieu et le magistrat Edouard Durand, l’instance a connu une période de turbulences après l’éviction du juge, sur fond de désaccords avec la secrétaire d’Etat à l’enfance de l’époque, Charlotte Caubel. La commission indépendante est désormais dirigée par un « collège directeur », composé du professeur de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Thierry Baubet, de la magistrate Maryse Le Men Régnier et de Solène Podevin Favre, présidente de l’association Face à l’inceste.
« Une réunion interministérielle dans un délai d’un mois »
La nouvelle Ciivise ne part pas d’une feuille blanche. Créée dans le sillage de la publication du livre La Familia grande (Seuil, 2021) – dans lequel Camille Kouchner dévoilait l’inceste commis par son beau-père Olivier Duhamel sur son frère –, puis de multiples témoignages sur les réseaux sociaux, la Ciivise 1 avait lancé une méthode de travail originale, basée notamment sur des réunions publiques permettant aux victimes de s’exprimer.
Pendant deux ans et demi, en partant de ces réunions publiques et des témoignages (30 000 en tout) recueillis grâce à d’autres outils, la commission, très médiatisée, s’est attelée à décrypter les mécanismes de l’inceste et à mettre en lumière les ravages des violences sexuelles, qui concernent 165 000 enfants chaque année. Son rapport, présenté en novembre 2023, contenait 82 recommandations pour « mieux prévenir les violences sexuelles, mieux protéger les enfants victimes et lutter contre l’impunité des agresseurs ».
Le suivi de ces préconisations et leur traduction en politiques publiques fait partie de la feuille de route de la nouvelle équipe, qui ne s’interdit pas « d’aller plus loin », a indiqué Thierry Baubet. Le gouvernement, lui aussi renouvelé récemment, doit « organiser une réunion interministérielle dans un délai d’un mois pour rendre son avis sur chacune des 82 recommandations », a précisé Solène Podevin Favre.
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