« La notion d’alliance est perçue par Donald Trump comme un système d’abus de confiance aux dépens des Etats-Unis »

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« USA Playhouse (Castle of Peace) », de Jaylon Israel Hicks (2023). Installation de polystyrène expansé, carton, papier, et peinture acrylique (82,3 × 166,4 × 239,3 centimètres).

Ancienne ambassadrice de France à l’OTAN de 2019 à 2024, Muriel Domenach est membre du conseil des laboratoires d’idées Globsec et du Conseil européen pour les relations internationales.

Considérez-vous que la façon dont les Etats-Unis ont décidé, depuis février, de se rapprocher de la Russie pour résoudre le conflit ukrainien, sans associer les Européens, constitue un renversement d’alliance au sein du camp occidental ?

On est en tout cas dans un moment de big bang stratégique, que nos concitoyens perçoivent bien. Je suis frappée, en intervenant dans les lycées, par l’intérêt et l’inquiétude des jeunes. Il y a trois éléments qui montrent ce revirement. Le premier, c’est la pression exercée par les Etats-Unis sur l’Ukraine, illustrée par l’épisode dans le bureau Ovale de la Maison Blanche, le 28 février, quand le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a été violemment pris à partie par Donald Trump et son vice-président, J. D. Vance.

Le deuxième revirement, c’est celui qui a eu lieu, pour nous, Européens, le 7 janvier, avant même l’investiture de M. Trump, avec le ciblage du Groenland, dans une logique prédatrice qui venait confirmer des ambitions territoriales déjà formulées pendant son premier mandat (2017-2021). Il faut ajouter à cette posture le discours de J. D. Vance, à la Conférence de Munich sur la sécurité, le 15 février, où a été affichée une attitude hostile non seulement envers l’Union européenne en tant que telle, mais aussi vis-à-vis des démocraties européennes.

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