« La nécessaire réforme des Foyers de charité doit intégrer pleinement toutes les victimes »

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Au milieu des révélations autour de l’abbé Pierre qui n’en finissent pas et mènent à l’évidence que beaucoup connaissaient ses crimes et délits, voilà que l’on apprend l’installation d’une nouvelle « commission indépendante d’étude pluridisciplinaire sur les Foyers de charité ». Alors que les signalements se succèdent, que tout un chacun mesure aujourd’hui l’ampleur des abus et des violences sexuelles, cette nouvelle devrait nous réjouir. Ne s’inscrit-elle pas parfaitement dans cette actualité ?

Organisation catholique à vocation internationale, les Foyers de charité – on en compte 69 dans le monde – sont nés en 1936 à Châteauneuf-de-Galaure (Drôme), sous l’impulsion de Marthe Robin (1902-1981), une mystique aujourd’hui controversée, et du prêtre Georges Finet (1898-1990). Ils ont pour mission essentielle de proposer des retraites spirituelles. Des signalements mettant en cause le père Finet conduisent à la mise en place, en 2019, d’une commission qui a fonctionné pendant six mois et a auditionné 143 personnes. Son rapport final, en 2020, fait état de comportements déviants et d’attouchements sexuels commis par ce prêtre.

Mais des personnes continuent de signaler des agressions sexuelles perpétrées par plusieurs prêtres fondateurs de Foyers, dont André-Marie van der Borght, du Foyer de Tressaint (Côtes-d’Armor). Ce qui conduit le dicastère pour les laïcs, la famille et la vie à nommer, en février 2022, un délégué pontifical en la personne de l’évêque Michel Dubost, qui établit une lettre de mission pour la mise en place d’une commission d’enquête indépendante et pluridisciplinaire. Elle commence ses travaux au printemps 2023 mais, les conditions de son indépendance n’étant pas réunies, elle prend la décision, à l’unanimité de ses membres, de démissionner le 19 mars 2024.

Intégrer les victimes dans un travail de recherche

En ce mois de janvier 2025, une nouvelle commission est nommée. Selon les documents officiels, elle a « pour objet de mettre à la disposition de tous une histoire partagée, de comprendre comment [la fondation] n’a pas su empêcher certaines dérives, au-delà des fautes personnelles qui ont été commises ». Mais que signifie une « histoire partagée » ? Et pourquoi préciser d’emblée un « au-delà » des fautes personnelles ? Cela indique-t-il que l’on ne cherche pas à examiner le pourquoi et le comment des violences, mais plutôt à faire un récit historique autour des fondateurs ?

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