La mortalité des jeunes en hausse aux Etats-Unis

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Récemment, l’économiste Esther Duflo soulignait que le PIB ne mesure pas le bonheur des gens. Et que l’économie doit être pensée au service des humains et non comme un but en soi. Démonstration par la situation lamentable de la santé publique des enfants – de la naissance à 19 ans – dans un pays, les États-Unis, où les dirigeants politiques font du PIB l’objectif n°1 de leurs actions. Et où la population leur fait massivement confiance sur ce point.

L’étude conduite par une équipe de l’Université de Pennsylvanie dirigée par Christopher Forrest, porte sur la période 2007 à 2022. Parue dans JAMA, elle livre des chiffres accablants. Au total, les enfants des États-Unis encaissent 80% de plus de risques de mourir avant 19 ans en comparaison avec 18 pays de l’OCDE, de niveau de revenus similaires (Danemark, Suède, Norvège, Japon…). En chiffres, cela signifie que, chaque jour de l’année, les parents états-uniens voient mourir 54 enfants de plus que si leur pays se situait dans la moyenne des pays comparables économiquement.

L’étude parue dans JAMA https://jamanetwork.com/journals/jama/article-abstract/2836060

15 fois plus de risque mortel par arme à feu

Pour la mortalité infantile, de la naissance à 1 an, la prématurité (souvent liée à des mauvaises conditions de vie et de travail des mères), les morts subites du nourrisson et les anomalies congénitales sont les principales causes de cet excès de décès. Pour les enfants de 1 à 19 ans, les principales causes de surmortalité sont les armes à feu (accidents, suicides), les accidents de véhicules motorisés, l’usage de substances toxiques et les homicides (dont les tueries de masse en établissements scolaires). Un enfant états-unien risque de mourir d’une arme à feu 15 fois plus souvent que dans les autres pays à haut niveau de revenu !

Déjà, en 2024, l’Académie des sciences déplorait dans un rapport que les USA se plaçaient en queue de peloton des pays développés pour la santé physique et mentale des enfants.

L’étude publiée par JAMA se fonde sur plus de 300 fichiers de données sur la santé publique des enfants et a mesuré 172 indicateurs. Par exemple, l’obésité infantile, toujours en croissance en raison de l’importance de l’alimentation par des produits industriels de mauvaise qualité nutritionnelle. L’évolution de long terme de la santé physique des enfants, note Christopher Forrest dans une interview à Science, se lit dans l’indicateur « avoir une santé qui limite leur capacité à s’engager dans leurs activités habituelles ». En 1960, c’était le cas de 2% des enfants. Aujourd’hui, cette part a grimpé à 10%, une multiplication par cinq. Et cette évolution dramatique est causée, explique le scientifique, par l’ensemble des facteurs de santé et non par un seul d’entre eux, qu’il ne faut donc pas étudier isolément. Entre 2007 et 2022, le taux d’obésité, la survenue trop précoce des menstruations (règles) chez les filles, les troubles du sommeil, la limitation d’activités, les symptômes physiques et mentaux (dépressions) ont ainsi tous augmenté.

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