

Personne n’a sans doute incarné mieux que lui l’étrange rapport des Néerlandais à l’Europe. Et, jusqu’à son décès, lundi 17 février, à l’âge de 91 ans, Frederik (dit « Frits ») Bolkestein aura tenu son rôle d’oracle eurosceptique dans un pays tourné davantage vers les mers et le monde anglo-saxon que vers Bruxelles. C’est pourtant quand il a occupé une fonction européenne, celle de commissaire au marché intérieur et à la fiscalité, entre 1999 et 2004, que cet ultralibéral – qui disait « ne pas comprendre » ce mot – allait acquérir une renommée mondiale. Grâce à une directive portant son nom.
Son projet, voté une première fois en 2003 et rebaptisé « directive Frankenstein » par ses détracteurs, visait à assurer la libre circulation des services sur le marché intérieur. Vilipendé par la gauche, les syndicats et certaines capitales, il allait peser lourdement, en France notamment, sur le débat politique. Même si la directive n’avait rien à voir avec le projet de traité constitutionnel soumis à un référendum en 2005, elle aura en effet largement orienté le vote de rejet du texte par les électeurs français, imités plus tard par les Néerlandais.
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