L’outre-mer, du point de vue du général de gendarmerie Lionel Lavergne, qui commande ces régions, forme un théâtre d’intervention totalement hors du commun. Ces territoires ont pesé en 2023 pour 10 % des violences intrafamiliales, 25 % des atteintes aux personnes, 25 % des faits de grande criminalité. Mais aussi pour 30 % des homicides ou tentatives d’homicide.
Ou encore 50 % des vols à main armée, selon les derniers chiffres communiqués par le quatre-étoiles, jeudi 25 janvier, lors d’une audition de la délégation sénatoriale aux outre-mer. Les collectivités et départements ultramarins comptent 2,7 millions d’habitants et seulement 5,5 % des effectifs nationaux de gendarmes.
« Nous faisons face à des phénomènes de délinquance importants », a sobrement résumé le général. Ils se mesurent également parmi la troupe : « La moitié des agressions contre nos gendarmes en 2023 l’ont été dans les territoires ultramarins », affirme le général. Et ces violences sont responsables du quart des blessures enregistrées au plan national sur les militaires, a-t-il encore précisé. « Je ne suis pas en train de dire que c’est la guerre, mais c’est la réalité. »
Les effectifs – 7 200 personnels dont 1 500 gendarmes mobiles et 300 membres du GIGN – ont été récemment renforcés par le ministère de l’intérieur et l’effort salué par les sénateurs. D’ici à 2027, les outre-mer doivent recevoir 22 nouvelles brigades sur les 239 annoncées pour l’ensemble de la France, dont 8 en 2024.
Des « ponctions » pendant les JO
Les élus toutefois en voudraient plus. « Nous avons quelques inquiétudes de voir des moyens outre-mer rapatriés pour les Jeux olympiques dans l’Hexagone, il va nous falloir être vigilants », indique le sénateur (Les Républicains) de Nouvelle-Calédonie Georges Naturel. « Des ponctions seront faites » sur les effectifs de gendarmes mobiles, convient le général Lavergne, mais « le moins possible ». Un escadron devrait être concerné en Nouvelle-Calédonie.
Le ministère de l’intérieur va réduire les départs en vacances pendant la durée des Jeux olympiques et paralympiques – la proportion de permissionnaires passera de 33 % habituellement à 20 %, a précisé le général Lavergne. « J’ai aussi le budget nécessaire pour combler avec des réservistes, on sera sur la même présence sur le terrain », assure-t-il. En Polynésie, le nombre de réservistes va ainsi doubler (200 au total), avec le renfort de 30 d’entre eux venus de… Nouméa.
Cette insécurité croissante, que le bilan statistique annuel du ministère de l’intérieur a récemment éclairée, conduit la gendarmerie à « deux priorités : la Guyane et Mayotte ». En Guyane, où doit prochainement se rendre Emmanuel Macron, « l’Etat est en opération permanente, il n’y a pas de temps faible », a souligné le militaire.
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