La lutte contre le racisme et l’antisémitisme en berne malgré un contexte alarmant

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Lors d’une manifestation, à Paris, le 20 juin 2024.

Comme si le sujet n’était plus qu’un objet politicien, comme s’il avait disparu des politiques publiques. Alors même que, depuis le 7 octobre 2023, date de l’attaque terroriste du Hamas en Israël, les actes antisémites explosent et les faits racistes sont en constante augmentation en France, la lutte contre les haines identitaires n’a plus de pilote du côté des pouvoirs publics. Le poste de délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah), placé sous la tutelle du premier ministre, est inoccupé depuis le 26 juin.

En effet, quelques jours seulement avant les élections législatives anticipées, qui laissaient craindre une arrivée du Rassemblement national au pouvoir et, dans la foulée, une potentielle suppression, partielle ou totale, des fonds attribués à l’institution publique, Olivier Klein était nommé au rectorat de Strasbourg. Depuis, la vacance laisse les associations antiracistes d’autant plus stupéfaites que le contexte est alarmant.

Les dernières statistiques, publiées début octobre par le ministère de l’éducation nationale, font état de plus de 3 600 actes racistes et antisémites recensés à l’école lors de l’année scolaire 2023-2024. Les actes antisémites signalés ont été multipliés par plus de quatre et les actes racistes ont plus que doublé par rapport à 2022-2023.

La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme enregistre de son côté une hausse de 121 % du nombre de signalements de faits antisémites (injures, harcèlement…) depuis un an et de 127 % à l’école (primaire, collège et lycée). « Les autres faits de racisme n’ont pas disparu pour autant, ils ont eux aussi augmenté, mais dans de moindres proportions (52 %) », précise Mario Stasi, son président, qui milite pour que la lutte contre le racisme et l’antisémitisme devienne une grande cause nationale. Il se dit « sidéré » par le « vide d’incarnation et d’action de la puissance publique », qu’il juge « préoccupant ».

La Dilcrah « pas à la hauteur des enjeux »

Dominique Sopo, le président de SOS-Racisme, se désole de n’avoir « plus aucun interlocuteur stable de haut niveau », tout en dénonçant les « comportements opportunistes, indignes et dangereux des politiques sur ces sujets ». « Depuis un an, le sujet de l’antisémitisme est de tous les discours politiques, de tous les jeux politiciens, mais concrètement il ne se passe rien, aucune politique d’ampleur n’est pensée », regrette Yossef Murciano, le nouveau président de l’Union des étudiants juifs de France.

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