

Il est à peine 15 h 30 que le soleil se couche déjà en cette fin janvier sur les eaux sombres du Niémen, un fleuve qui prend sa source en Biélorussie, traverse la Lituanie et se jette dans les eaux de la Baltique. Ses eaux tranquilles et peu profondes traversent de vastes étendues de champs et de forêts, délimitant sur une centaine de kilomètres la frontière entre la Lituanie et l’enclave russe de Kaliningrad. Sur la rive nord, la petite ville de Panemuné, 200 habitants, fait face à Sovetsk, sur la rive sud. D’un côté, flottent les drapeaux jaune, vert, rouge de la Lituanie, et jaune et bleu de l’Ukraine, de l’autre l’étendard blanc, bleu, rouge de la Russie. Entre les deux, le pont de la reine Louise, construit au XIXe siècle sur d’imposantes piles de pierre, et désormais barré par plusieurs rangées de « dents de dragon ».
Ces gros blocs de béton triangulaires ont été déployés par l’armée lituanienne au mois de septembre 2024 afin d’empêcher le passage de blindés russes en cas de tentative d’invasion. Le passage entre les deux « camps » est encore possible, à pied ; et cet après-midi, quelques piétons patientent au poste-frontière, alors que tombent quelques flocons. Personne n’imagine que Moscou tentera quoi que ce soit tant que son armée est occupée en Ukraine. Mais après ? « Nous ne pensons pas que la Russie est prête à entrer en conflit militaire avec l’OTAN, mais si un accord de paix est trouvé et que les sanctions internationales sont levées, elle pourra reconstituer sa puissance militaire. Il faut s’y préparer », insiste Marius Cesnulevicius, conseiller à la défense du président lituanien. « Pour cela, nous avons besoin d’armes, de munitions et des troupes de l’OTAN sur notre sol », poursuit-il dans un français impeccable, insistant sur l’enjeu d’une « dissuasion crédible ».
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