La justice belge referme sans procès une enquête de quinze ans sur les violences sexuelles dans l’Eglise catholique

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Quinze ans d’enquête sur les violences sexuelles dans l’Eglise catholique belge et, à la fin, la décision prise, lundi 17 février, par la chambre du conseil de Bruxelles d’arrêter l’opération « Calice », qui visait également à déterminer si l’on n’avait pas tenté d’étouffer ce vaste scandale impliquant 68 suspects. Cette instance chargée de renvoyer, ou non, un dossier devant une juridiction, a décidé de mettre un terme à une enquête commencée en 2010 et qui s’est, par la suite, perdue dans les méandres de la justice.

Dans la salle, les larmes de victimes de prêtres abuseurs ont coulé et leurs avocats exprimaient leur colère. Pas tellement en raison de cette décision mais parce que, selon eux, les nombreuses erreurs qui ont émaillé la procédure ne pouvaient conduire qu’à la décision prononcée lundi, alors que, selon Me Walter Van Steenbrugge, « dans cette affaire il s’agit de fraude et de tromperie ». Mais, à l’instar du parquet fédéral, l’avocat estimait qu’en l’état, le dossier pénal ne pouvait effectivement mener à un procès tant il semblait bâclé.

L’opération Calice avait démarré de manière spectaculaire, en 2010, lorsqu’un juge d’instruction avait ordonné des perquisitions au domicile de l’archevêque de Malines-Bruxelles, Godfried Danneels, chef de l’Eglise de Belgique de 1979 à 2009, dans une cathédrale, où les policiers ouvrirent des tombes, au siège d’une commission d’enquête interne à l’Eglise qui traitait 475 dossiers d’abus, aux Archives du royaume… Le clergé était, à l’époque, en pleine tourmente à la suite de la démission de Roger Vangheluwe, l’évêque de Bruges, accusé de centaines de viols sur ses deux neveux. Il n’a jamais été jugé, les faits étant prescrits.

Un rapport officiel publié en septembre 2010 allait détailler des faits de viols, d’attouchements et de sadisme et identifier 91 prédateurs. La hiérarchie catholique promettait une « disponibilité maximale » pour les victimes mais niait tout « dysfonctionnement ». Elle déposait, par ailleurs, une plainte visant les méthodes du juge d’instruction. Et quelques semaines plus tard, un tribunal déclarait illégales la plupart des perquisitions effectuées. Des dossiers et des témoignages confidentiels avaient été saisis, des centaines de procès-verbaux allaient ensuite être égarées, des parties civiles oubliées.

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