la gauche dénonce « une honte absolue », Elisabeth Borne propose de le recevoir

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« Une honte absolue », « la République recule ». Au lendemain de la démission du maire de Saint-Brevin-les-Pins (Loire-Atlantique), Yannick Morez, dont le domicile a été incendié en mars, la gauche s’est insurgée, jeudi 11 mai, tandis que la majorité s’est montrée mal à l’aise. « Tout mon soutien à Yannick Morez qui a été la cible de l’extrême droite. L’inaction de l’Etat est une honte absolue », a tweeté Fabien Roussel, le patron du Parti communiste français (PCF), à propos de l’élu de cette commune de Loire-Atlantique, qui s’est plaint du « manque de soutien de l’Etat » dans cette affaire.

La responsable d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV), Marine Tondelier, a jugé sur Twitter que « la République recule ». « C’est une honte que l’Etat n’ait pas pris la mesure de ce qu’il lui arrivait et ne l’ait pas conforté, c’est une honte de continuer à banaliser l’extrême droite », a réagi sur le même réseau social Olivier Faure, premier secrétaire du Parti socialiste (PS). Dans la soirée, le PS a appelé à une marche symbolique de soutien le 24 mai à Saint-Brevin-les-Pins.

Toujours sur Twitter, l’eurodéputé Raphaël Glucksmann (Place publique) a dénoncé un « désastre, un triomphe de la haine », tandis que la députée La France insoumise (LFI) Clémentine Autain regrettait que ces élus soient « abandonnés à leur sort ».

A la mi-journée, des dizaines d’eurodéputés se sont levés dans l’hémicycle du Parlement européen en l’honneur de Yannick Morez, à l’appel de M. Glucksmann. « Il est temps de se lever. De se lever en l’honneur de Yannick Morez, de se lever pour le droit et de montrer que la haine ne gagnera pas », a lancé l’eurodéputé, poussant nombre de ses collègues à se lever et déclenchant des applaudissements.

« Des mesures ont été prises », affirme la préfecture

Elisabeth Borne a jugé « très choquant » l’incendie du domicile du maire et fait savoir qu’elle va lui proposer de le recevoir la semaine prochaine. La première ministre a aussi exprimé sa volonté de « mieux protéger les maires ». Emmanuel Macron a dit sa « solidarité » avec Yannick Morez après des attaques « indignes ».

« Des mesures ont été prises suite à un certain nombre d’intimidations, notamment de protection spécifique en particulier sur le domicile. Des patrouilles régulières de la gendarmerie nationale, notamment après l’incendie », s’est défendu quant à lui le préfet de Loire-Atlantique. « Il avait des échanges très récents avec les militaires de la gendarmerie nationale pour évaluer les intimidations et la pression qu’il ressentait », a-t-il ajouté. Le préfet a assuré que « le soutien de l’Etat » avait été « permanent, tout au long du processus de construction de ce projet de CADA [centre d’accueil de demandeurs d’asile] à Saint-Brevin ».

Saint-Brevin-les-Pins est, depuis plusieurs mois, le centre de tensions consécutives à un projet de déplacer près d’une école élémentaire le CADA qui avait ouvert dans la station balnéaire en 2016 après le démantèlement de la « jungle » de Calais. Plusieurs manifestations y ont été organisées à l’appel de l’extrême droite, en particulier de la mouvance de Reconquête !, le parti d’Eric Zemmour.

« Un échec de notre République »

Interrogée sur l’accusation d’abandon par l’Etat formulée par Yannick Morez (divers droite), la présidente du groupe Renaissance à l’Assemblée, Aurore Bergé, a apporté son « soutien » au maire, l’assurant sur France Inter de la « solidarité absolument indéfectible » de l’Etat. « Si jamais il y avait eu des manquements, je pense qu’on saura exactement et précisément ce qu’il s’est passé », a-t-elle réagi, rappelant qu’« il faut impérativement que nos préfets soient en soutien, je sais qu’ils le sont ».

La commission des lois du Sénat auditionnera Yannick Morez le 17 mai, a signalé le Palais du Luxembourg dans un communiqué. « La démission d’un maire est toujours un échec de notre République, a fortiori lorsqu’elle résulte directement des menaces ou des agressions qu’il subit. Les maires doivent, en toutes circonstances, bénéficier d’une protection à la hauteur de leurs engagements et responsabilités », a affirmé le président de la commission, François-Noël Buffet.

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Le président de l’Association des maires de France (AMF), David Lisnard, a réclamé quant à lui auprès de l’Agence France-Presse une « étude précise du phénomène d’agressions d’élus ». « Il faut regarder pourquoi les auteurs de pressions, d’intimidations et de violences (…) ne font pas l’objet d’un traitement pénal plus sévère. Il y a eu une circulaire du ministre de la justice pour demander aux parquets d’instruire, mais ça devrait être une évidence. » Et de rappeler que le nombre de maires démissionnaires avait doublé lors du mandat précédent.

Le Monde avec AFP

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