la frappe meurtrière sur Soumy suscite l’indignation des alliés de Kiev

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Des secouristes ukrainiens cherchent parmi les décombres d’un site bombardé par la Russie à Soumy (Ukraine), le 13 avril 2025.

Jusqu’à tard dans la soirée de dimanche 13 avril, les réactions à la frappe meurtrière survenue sur Soumy, dans le nord-est de l’Ukraine, continuaient d’affluer. Les secours ukrainiens ont affirmé que Moscou avait frappé, en matinée, le centre-ville avec des missiles, « au moment où il y avait beaucoup de gens dans la rue ».

« Je pense que c’est terrible. Et l’on m’a dit qu’ils ont fait une erreur. Mais je pense que c’est une chose horrible », a ainsi déclaré le président américain, Donald Trump, à des journalistes, à bord de l’avion présidentiel Air Force One, sans incriminer toutefois la Russie. Interrogé sur cette « erreur », M. Trump a répondu : « Ils ont fait une erreur (…) vous allez devoir leur poser la question », sans préciser à qui il faisait référence.

Selon les secours locaux, le dernier bilan à 17 heures (heure de Paris) était d’au moins trente-quatre morts, dont deux enfants, et de 117 blessés, dont quinze enfants. Les autorités ont publié des images de corps étendus dans la rue et de blessés à terre, et décrété trois jours de deuil.

Cette attaque, intervenue deux jours après la visite d’un haut responsable américain en Russie, est la plus meurtrière sur une zone civile depuis des mois en Ukraine et, notamment, depuis la reprise de contact entre Washington et Moscou, mi-février.

Depuis qu’elle a largement repoussé une percée ukrainienne sur son territoire, dans la région de Koursk, la Russie exerce une pression croissante sur les régions voisines de Soumy et de Kharkiv. Selon Kiev, ces offensives de Moscou visent à créer des zones tampon pour empêcher de nouvelles incursions ukrainiennes en Russie.

L’attaque à Soumy, située à seulement 30 kilomètres de la frontière russe, a eu lieu le dimanche des Rameaux, une date importante dans le calendrier chrétien, qui précède celui de Pâques et marque l’entrée dans la semaine sainte. Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a fustigé une frappe « un jour où les gens vont à l’église (…) Seuls des salauds peuvent faire cela ».

Des attaques russes sans relâche

Ce bombardement a suscité la condamnation de l’émissaire américain pour l’Ukraine, Keith Kellogg, qui a dénoncé, sur X, une frappe « inacceptable » qui « dépasse les limites de la décence ». Le chef de la diplomatie américaine, Marco Rubio, a, lui, qualifié l’attaque d’« horrible ».

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« C’est un crime de guerre grave, délibéré et voulu », a dénoncé le probable futur chancelier allemand, Friedrich Merz. « C’est ce que Poutine fait à ceux qui discutent avec lui d’un cessez-le-feu », a-t-il ajouté. Le chancelier allemand sortant, Olaf Scholz, a, quant à lui, condamné une « attaque barbare », tandis que la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, a déploré une frappe « horrible et lâche », qui « contredit tout engagement réel en faveur de la paix ».

« Cette guerre, chacun sait que c’est la Russie, seule, qui l’a voulue. Aujourd’hui, il est clair que c’est la Russie qui, seule, choisit de la poursuivre », a fustigé le président français, Emmanuel Macron, appelant à « des mesures fortes » pour imposer une trêve à Moscou. Le premier ministre britannique, Keir Starmer, s’est déclaré « consterné ». Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a dit être « sous le choc ».

La Russie a attaqué l’Ukraine sans relâche ces dernières semaines, malgré le mécontentement exprimé par Donald Trump qui a appelé les Russes à cesser de « bombarder comme des fous » et qui fait pression pour arrêter la guerre. Début avril, une attaque russe contre Kryvy Rih, dans le centre de l’Ukraine, avait tué dix-huit personnes, dont neuf enfants, et choqué tout le pays.

Washington a organisé des pourparlers indirects avec des responsables russes et ukrainiens, qui se prolongent et n’ont pas abouti à une cessation globale des hostilités. Dans ce cadre, l’émissaire américain, Steve Witkoff, a rencontré, vendredi, Vladimir Poutine en Russie, pour la troisième fois depuis février.

Zelensky exhorte Trump à se rendre en Ukraine

Dans une interview enregistrée avant la frappe sur Soumy et diffusée dimanche par la chaîne de télévision américaine CBS, M. Zelensky a appelé M. Trump à venir en Ukraine pour constater les dégâts. « Nous voulons que vous veniez voir. Vous pensez que vous comprenez ce qu’il se passe ici. Très bien, nous respectons votre décision », a déclaré le chef d’Etat ukrainien. « Mais, s’il vous plaît, avant de prendre toute décision, avant toute forme de négociation, venez voir les gens, les civils, les combattants, les hôpitaux, les églises, les enfants, détruits ou morts. Venez, voyez et, ensuite, avançons avec un plan pour mettre fin à la guerre », a-t-il dit. « Vous comprendrez ce que Poutine a fait », a-t-il ajouté, soulignant qu’« on ne peut pas faire confiance à Poutine ».

Kiev et des capitales occidentales soupçonnent la Russie de faire traîner, à dessein, les discussions. « Poutine n’a jamais voulu arrêter la guerre. Il n’a jamais voulu que nous soyons indépendants. Poutine veut nous détruire complètement », a répété M. Zelensky, sur CBS.

En mars, Washington avait proposé un cessez-le-feu inconditionnel. Mais Vladimir Poutine n’avait pas été convaincu et cette proposition de trêve de trente jours, acceptée par Kiev, ne s’est pas concrétisée. Moscou exige que Kiev renonce à rejoindre l’OTAN et lui cède des territoires, notamment les quatre régions ukrainiennes dont elle revendique l’annexion – Donetsk, Louhansk, Zaporijia et Kherson – et la Crimée annexée en 2014.

Des conditions inacceptables pour Kiev qui demande des « garanties de sécurité » pour dissuader la Russie de l’attaquer à nouveau.

Le Monde avec AFP

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