La famille Maus, les discrets milliardaires suisses qui s’intéressent au Club Med

4069


Dans la boutique Lacoste de New-York, le 10 septembre 2009, Didier Maus (avec le polo jaune), entouré de Robert Siegel (à gauche, à l’époque PDG de Lacoste USA), Peter Hunsinger, vice-président de GQ, et Mike Kochs, directeur de la mode.

« L’offre n’a pas été acceptée à ce jour. » Telle a été la réponse d’une représentante du Club Med en Suisse à l’agence de presse AWP, le 23 janvier, à la suite de l’information des Echos selon laquelle le groupe familial Maus Frères a proposé au conglomérat Fosun de prendre une participation majoritaire dans l’entreprise. Le propriétaire chinois et le groupe suisse, qui possède les marques Lacoste et The Kooples, sont « toujours en discussion », a ajouté la porte-parole, sachant que « d’autres offres » sont en cours d’examen.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Devenu un produit de luxe, le Club Med à l’aube d’une nouvelle ère

« Contacté par AWP, Maus Frères n’a pas répondu à nos sollicitations », a précisé l’agence de presse financière suisse. Pour être plus précise, elle aurait pu ajouter que la mutique holding familiale ne répond jamais, se contentant de rares communiqués pour évoquer des changements à la direction générale et dans les différentes sociétés contrôlées par la famille, ou plutôt par les familles.

Car chez les Maus et les Nordmann, on reste entre soi depuis 1902, date de l’établissement d’un partenariat entre Léon Nordmann, détaillant de son état, et ses amis Ernest et Henri Maus, eux-mêmes propriétaires d’un commerce d’import-export de bonneterie dans la ville bilingue de Bienne, canton de Berne. Cent vingt-deux ans plus tard, le site Internet de la société, d’une sobriété rappelant la préhistoire de l’Internet, précise toujours que « les statuts de Maus Frères SA exigent que le président, de même que certains membres du conseil, soient issus des familles Maus et Nordmann. Des critères stricts de sélections et de procédures sont les garants de nominations fondées sur la compétence ».

Sans chichis

Président du conseil d’administration et principal visage de la quatrième génération de la famille aux affaires, Didier Maus, 67 ans, apparaît rarement en public, sauf parfois quand il déjeune sans chichis au restaurant Manora du grand magasin Manor de Genève, au milieu des clients et des employés. Il se murmure tout juste qu’il a été « catastrophé », il y a une quinzaine d’années, en découvrant que le magazine bimensuel Bilan avait inclus le clan Maus dans sa première liste des « 300 plus riches » de Suisse. Fin 2022, la famille pèserait entre 3 et 4 milliards de francs suisses (entre 3,2 et 4,3 milliards d’euros). Le groupe, qui n’est pas coté, ne publie aucun chiffre.

Selon un ancien cadre, cité par la revue économique romande PME Magazine, Maus Frères, dont le siège social se trouve officiellement à Bâle, dans le canton de Bâle-Ville, serait aujourd’hui dirigé essentiellement depuis Paris, où le PDG, Thierry Guibert, qui est aussi directeur général de Lacoste, a son bureau. En 2020, ce dernier déclarait, dans un rarissime entretien au Financial Times, que la famille Maus l’avait chargé d’élargir les activités avec les marques de mode. De fait, le « coup » le plus fameux a été l’acquisition en 2012 des polos Lacoste, dans un portefeuille qui compte encore les marques françaises Aigle (bottes, chaussures, prêt-à-porter), The Kooples ou encore Tecnifibre (matériels de sport) ainsi que le suédois Gant.

Il vous reste 40% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link